Le symposium organisé par le Commissariat aux services en français fut l’occasion de décortiquer ce que sera la francophonie ontarienne en 2028. Pour se livrer à cet exercice aussi complexe que périlleux – car prédire l’avenir n’est jamais aisé –, des experts de différents domaines avaient été invités à partager leurs connaissances. Pour ce faire, quatre panels avaient été mis sur pied et, en avant-midi, ce sont les questions liées à la démographie et au vieillissement qui ont été discutées.

 

Démographie

Le premier panel portait sur la démographie. Guillaume Deschênes-Thériault, chercheur à l’Université d’Ottawa, en était le modérateur et, avant de donner la parole aux panélistes, a confié à Mariève Forest, présidente et chercheuse principale à la firme de consultation Sociopol, la tâche de dresser un portrait de la situation. C’est ainsi qu’après avoir évoqué quelques variables, tel le nombre limité d’immigrants et la transmission difficile du français dans les familles exogames, Mme Forest a mentionné certaines pistes de solution relatives au système scolaire et à l’accueil des nouveaux arrivants.

La première des trois panélistes à s’adresser à l’assistance fut Diane Farmer, professeure associée à l’Université de Toronto, qui a mis en exergue l’attrait exercé par les institutions. Lorsque celles-ci offrent un espace d’expression francophone, un engouement se crée pour le français. Alain Dobi, directeur du Réseau de soutien à l’immigration francophone du Centre-Sud-Ouest, a de son côté mis l’accent sur les bonnes initiatives gouvernementales, en particulier celle des « Communautés accueillantes ». Il a également rappelé que l’aéroport Pearson s’est doté, en collaboration avec le Centre francophone de Toronto, d’un accueil en français pour les immigrants, un exemple qui illustre la nécessité d’un continuum de service. Pour conclure, Charles Cirtwill, chef de la direction de l’Institut des politiques du Nord, un groupe de réflexion, a fait état des transformations rapides du paysage démographique franco-ontarien et du manque de sensibilisation des employeurs quant aux avantages d’avoir du personnel bilingue.

Avant de passer à une période de questions, M. Dobi a fait un commentaire intéressant relativement à l’histoire des Franco-Ontariens qu’il est nécessaire de mieux faire connaître aux immigrants afin qu’ils se l’approprient et deviennent partie prenante.

Diane Farmer, Alain Dobi et Charles Cirtwill

 

Vieillissement

Deuxième panel, deuxième thématique : comment vieillir en français dans la dignité? Animée par Martin Normand, chercheur à l’Université d’Ottawa, la discussion fut précédée d’une brève présentation de Mariève Forest. Celle-ci s’est attardée sur l’augmentation des problèmes de démence liés au vieillissement qui nécessite des solutions rapides. Sur cette question et sur d’autres, il existe déjà de bonnes pratiques sur le terrain qu’il s’agit maintenant de systématiser. Intégrer les francophones au processus décisionnel est aussi une priorité.

Estelle Duchon, directrice générale de l’Entité 4, a énuméré les principaux problèmes rencontrés : réticence des francophones âgés à recevoir différents préposés anglophones dans leur résidence, isolement des francophones dans les maisons de retraite, risque de mauvais diagnostique lorsqu’il y a confusion linguistique, etc. Mme Duchon a aussi confié son désir de voir une partie des 15 000 lits de soin de longue durée promis par le gouvernement être consacrée aux francophones.

Au cours de ses interventions, Danielle de Moissac, professeure à l’Université de Saint-Boniface, a mentionné qu’il faudrait davantage valoriser les aidants naturels. Qui plus est, les organismes communautaires connaissent bien les aînés et leur milieu : en faire des partenaires dans la prestation de services de santé s’impose donc. La variable linguistique devrait aussi être incluse dans la « carte santé » à des fins de planification.

Bahar Karimi, administratrice à la résidence municipale de soins de longue durée Bendale Acres, a parlé de l’importance de s’adresser aux patients dans leur langue. Les communautés doivent être incluses dans la gestion de leurs besoins et les soins de longue durée devraient occuper une plus grande importance dans la gestion du système de santé.

De gauche à droite : Estelle Duchon, Danielle de Moissac et Bahar Karimi

 

Les bouleversements générationnels et démographiques que vivent toutes les sociétés occidentales affectent aussi les Franco-Ontariens et peut-être davantage encore, considérant leur situation minoritaire. L’avenir dira s’ils sauront relever les défis propres à cette réalité mouvante.

 

PHOTO: Des membres de l’assistance ont posé d’excellentes questions aux panélistes tout au long du symposium.