C’est sous le prisme de ce proverbe africain qui résume l’essence même de l’intelligence collective, que la directrice générale de Oasis Centre des femmes, Dada Gasirabo, a conclu son discours de présentation à l’occassion de la 29e assemblée générale annuelle de l’organisme qui a eu lieu le jeudi 12 septembre en mode virtuel.
Dramane K. Denkess
Entre 18 h et 19 h 30, ce sont plus de 50 participants qui ont pris part à la 29e assemblée générale annuelle d’Oasis Centre des femmes. Des journalistes, des partenaires communautaires et des associés étaient présents à cette rencontre. Mais seuls les membres en règle ont pu participer au débat. Au-delà de la question existentielle et organisationnelle liée au sous-financement des organismes œuvrant auprès des femmes, l’accent a été mis sur l’importance et le rôle de l’organisme au cours de ses 29 dernières années.
La présentation du rapport annuel par Nathalie Pelletier, présidente du conseil d’administration, sous le thème « Aussitôt retrouvées, aussitôt étouffées, les voix et les voies des femmes restent à libérer » a permis de comprendre davantage les actions entreprises par Oasis Centre des femmes au cours de l’année écoulée.
En invitant les membres à ne rien tenir pour acquis, Mme Pelletier a délivré un message de motivation. « Bien que de nombreuses survivantes parviennent à retrouver leur voie et leur parole à la suite de violence, on sait que la route vers l’autonomie financière et la dignité reste extrêmement difficile à traverser. Alors la voie que les femmes empruntent devrait être celle de la liberté et de la sécurité. La lutte est loin d’être gagnée et les gains obtenus ne sont jamais assurés », détaille-t-elle, en faisant allusion aux changements législatifs survenus cette année aux États-Unis interdisant l’accès à l’avortement dans certains États républicains.
L’année 2023-2024 qui est venue avec son lot de défis et de projets – pour certains toujours en cours – a permis à l’organisme de rester toujours fidèle à sa mission d’accompagnement en français auprès des personnes du Grand Toronto et Halton-Peel s’identifiant comme femmes, touchées par la violence sous toutes ses formes, pour qu’elles reprennent leur pouvoir d’agir afin de s’engager dans le parcours de leur choix.
En agissant également auprès de la communauté et des décideurs pour les sensibiliser aux sources et aux conséquences de la violence dans le but d’y mettre fin, Oasis Centre des femmes veut continuer à promouvoir dans la communauté francophone des connaissances, des attitudes et des comportements qui prônent la non-violence, tant sur le plan individuel que collectif.
Au fil des années et malgré les succès obtenus, l’organisme est toujours considéré par les femmes comme un lieu de ressourcement où elles peuvent se retrouver et reprendre leur pouvoir. En témoigne le nombre d’interventions enregistrées au cours de cette année.
« Les femmes adultes de 16 à 24 ans constitue la majorité de nos interventions à 63 %, et 29 % de ces femmes sont des refugiées acceptées. Cela démontre que même quand elles sont acceptées, ce n’est pas vraiment la fin de leurs problèmes. Elles sont suivies ensuite respectivement par les citoyennes canadiennes, les étudiantes internationales, les demandeurs d’asile et les sans-statut. C’est la preuve que le statut d’immigration ne veut rien dire quand on subit la violence. À Oasis Centre des femmes nous ne refusons personne », explique Dada Gasirabo.
Cette 29e assemblée générale annuelle a mis également en évidence les changements survenus au niveau des violences subies par les femmes. Si 35 % des violences sont psychologiques, pour la première fois, la violence financière fait partie du peloton de tête loin devant les agressions sexuelles par les partenaires intimes, les agressions physiques et les violences systémiques. Des chiffres inquiétants qui viennent rappeler le rôle important joué dans notre société par les organismes communautaires comme Oasis Centre des femmes.
Photo (Le Métropolitain) : Dada Gasirabo