La Passerelle-I.D.É tenait, le mercredi 7 octobre, un panel de discussion en ligne animé par sa directrice générale, Léonie Tchatat. Trois invités y ont discuté d’un thème aux multiples facettes : « L’élimination des obstacles à l’intégration économique des populations noires francophones d’ascendance africaine ».
Bernadette Clement, mairesse de Cornwall, Peter Flegel, directeur au Secrétariat fédéral de lutte contre le racisme, et Dominique Dennery, femme d’affaires et experte-conseil en développement humain, ont abordé cette question sous un angle social, mais aussi personnel en fonction de leurs propres expériences.
Ainsi, Mme Clement a évoqué à plusieurs reprises les réalités socioéconomiques de sa municipalité. « On est en compétition avec d’autres villes pour accueillir du monde, a expliqué la mairesse de Cornwall. Mais comment attirer? On lance un appel, on joue sur la qualité de vie et on se base aussi sur l’immigration. »
Les défis professionnels et financiers des immigrants sont bien connus, mais la communauté d’accueil, a-t-elle rappelé, a aussi un défi à relever : avoir une discussion franche et constructive sur le racisme.
« Il y a un défi au niveau de l’accès au financement, croit Mme Dennery. Comme femme d’affaires noire d’origine haïtienne, le défi est de toujours devoir prouver notre compétence. » Rappelant comment les femmes racisées doivent souvent travailler sur de multiples fronts, en assumant des responsabilités familiales étendues tout en ayant des emplois mal payés et peu valorisants, Mme Dennery a fait remarquer que ce sont aussi celles qui sont les plus touchées par la pauvreté.
Questionné à savoir comment le Canada peut mieux intégrer sa population afro-caribéenne, M. Flegel a voulu élargir l’angle d’analyse : « Formuler la présence noire en termes d’accueil manque de nuance et de subtilité et ne reflète pas la présence historique des Noirs au Canada ».
À l’heure actuelle, le gouvernement fédéral développe une « lentille antiraciste » qui sera appliquée dans tous les ministères, mais il reste encore du travail à faire pour prendre en compte les multiples aspects d’une réalité à la complexité négligée : « L’intersectionnalité, la diversité interne des communautés noires, est parfois oubliée et cela a un impact sur la prestation de services ».
Les échanges ont mis en lumière divers problèmes : inégalités exacerbées par la pandémie, manque d’information quant aux programmes gouvernementaux, faible diversité des chambres de commerce, etc.
Heureusement, les solutions n’étaient pas moins nombreuses : initier des conversations en parlant de l’héritage culturel, acheter les services et produits d’entreprises appartenant à des Noirs, intégrer les minorités dans les structures décisionnelles, orienter les jeunes Noirs vers les carrières du futur, établir un programme de prêts et de mentorat pour les entrepreneurs issus des minorités ethnoculturelles, etc.
Bon nombre de sujets ont été abordés, généralement pour répondre à des questions soumises par le public. S’inspirant d’une récente campagne féministe, Léonie Tchatat a conclu l’activité par une suggestion : « Le #MeToo Black devrait être lancé pour dénoncer toutes ces injustices au quotidien ».
PHOTO – À partir d’en haut à gauche et dans le sens des aiguilles d’une montre: Bernadette Clement, Dominique Dennery, Peter Flegel et Léonie Tchatat