« L’art durant la pandémie », quelle idée de sujet contextuel fort intéressante! Plus qu’une idée, il s’agit d’un atelier participatif dispensé virtuellement, le 20 octobre dernier, par l’artiste de la performance Maria Legault qui est titulaire d’un doctorat en Études et pratiques des arts de l’UQAM et est fortement impliquée dans la communauté artistique francophone de Toronto.

Côté organisation, la Bibliothèque publique de Toronto, en collaboration avec Le Labo, centre d’art médiatique francophone dans la Ville reine, sont derrière cette initiative.

Toutefois, l’intitulé de cet évènement peut s’avérer trompeur! En effet, il n’est nullement ici question de traiter l’impact économique de cette crise sur la culture en général et l’art en particulier – ceci est du déjà vu –, mais bel et bien les conséquences de la COVID-19 sur le processus créatif de l’artiste, ce que la pandémie lui a inspiré.

En d’autres termes, cet atelier a pour ambition d’explorer l’impact de la pandémie actuelle sur les sujets et les démarches créatives de l’art dit contemporain, et ce, dans le sens théorique comme pratique.

Et pour cause, de la bouche même de Maria Legault, « il n’y a pas encore d’études ou de recherches dans ce domaine », ce qui a poussé cette artiste à mener ses propres recherches et ainsi « l’art durant la pandémie » fut.

Il en résulte que l’art a été, en grande partie, utilisé durant la pandémie pour diffuser des conseils éducatifs et des messages d’espoir, d’encouragement, de remerciement et de reconnaissance envers les personnes au front de cette « guerre » livrée à un ennemi microscopique et à leur tête, le personnel soignant, bien entendu.

Il convient de rappeler à ce propos que le rôle d’autres « petites » mains, pas forcément mis sur le devant de la scène médiatique, est aussi important que celui du personnel soignant. Il s’agit des autres métiers de première ligne tels que les livreurs, les serveurs, les caissières pour ne citer que ceux-là.

Heureusement que quelques artistes n’ont pas manqué de rendre hommage à ces héroïnes et ces héros anonymes, sans qui la vie n’aurait pas pu garder un semblant de normalité.

Par ailleurs, il en est sorti du travail de Maria Legault que la pandémie a invité l’art à se pencher sur d’autres sujets tels que la peur du virus lui-même, mais également de toutes celles qu’il peut engendrer, les nouvelles formes de communication humaine, le rapport à l’écran et surtout l’inégalité face ce fléau.

Concernant ce dernier point, les artistes ont vu juste puisqu’à Toronto, par exemple, 83 % des personnes atteintes du coronavirus s’identifient comme appartenant à une minorité visible.

Néanmoins, si cette pandémie continue à nous priver des plus essentiels plaisirs de la vie et de quelques paradis artificiels, sachez qu’elle peut aussi nous permettre de posséder enfin la plus précieuse chose qui importe vraiment à l’être humain : le temps, le temps de créer.

PHOTO – L’artiste de la performance, Maria Legault

SOURCE – Soufiane Chakkouche