Grand maître incontesté du fauvisme, ce style de peinture apparu au début du XIXe siècle, Henri Matisse fait partie de ce groupe d’artistes immortels dont les travaux ne peuvent et ne doivent pas être pris à la légère. Né en 1869 dans le nord de la France, il compte comme le grand ami et concurrent du célèbre Pablo Picasso. Matisse fut fait Chevalier de la légion d’honneur par le gouvernement français de l’époque et reste aujourd’hui l’un des créatifs les plus prisés par les connaisseurs, comme en atteste les prix de vente incroyablement élevés de ses œuvres. Ce symbole de l’art a influencé deux des plus grands peintres montréalais que sont James W. Morrice, qui rencontra le grand homme à Tanger au Maroc, et John Lyman, qui fut son élève à l’Académie Matisse.
Afin de célébrer comme il se doit cette « union » de la créativité nord-américaine et européenne, la Collection McMichael d’art canadien accueille jusqu’au 24 janvier l’exposition Morrice et Lyman en compagnie de Matisse, initiée par le Musée national des beaux-arts du Québec. Au total, ce sont 131 tableaux, dont 42 issus de collections privées, qui se répondent et se complètent. Ils illustrent les péripéties de ces trois as du pinceau et leurs pérégrinations italiennes, africaines, antillaises et québécoises. L’immersion des Canadiens dans la bouillonnante scène artistique parisienne y est formidablement dépeinte par le biais de jeux de lumières caractéristiques de l’influence de Matisse.
La critique montréalaise de l’époque ne fut tendre ni avec Lyman, ni avec Morrice, et c’est dans le but de se défaire du conservatisme ambiant de leur pays qu’ils ont franchi l’Atlantique, en quête d’authenticité et de renouveau.
Croquis et esquisses, tableaux et pochades, sont à l’honneur. Les teintes colorées du continent noir contrastent avec le blanc des hivers nordiques et le bleu des plages du sud-ouest de la France. Une exposition reflétant en somme la diversité du parcours emprunté par les trois hommes, qui les a aussi bien menés à Londres, à Lyon et à Venise. Ces diverses associations de couleurs ont été mises en place par le scénographe québécois Guillaume Lord, à l’origine de cet évènement. Ce dernier n’en est pas à son coup d’essai, comme en atteste ses précédents travaux pour différents musées, pièces de théâtre et spectacles de danse.
Présentée l’été dernier à Québec et après un passage par Montréal, c’est au tour de Toronto d’héberger ces joyaux pendant quelques mois.