Le voilà, il apparaît enfin à distance. Le dernier modèle des tramways torontois entame sa longue descente vers le lac le long de la rue Spadina. Les personnes s’agitent sur la plateforme, impatientes de la voir arriver, cette « fusée rouge ». Au cours des dernières semaines, la plupart l’ont bien aperçu à quelques reprises, ce dernier fleuron de la Commission des transports de Toronto (TTC). Aujourd’hui c’est le grand jour, ils vont pouvoir enfin monter à bord. Ils laissent même passer deux anciens modèles, comme pour les rejeter aux oubliettes. Impitoyable, la vie!

Quant à moi, j’ai décidé de prendre les recommandations de la TTC au pied de la lettre à l’occasion de ce voyage inaugural. Puisque le nouveau tramway est équipé pour accommoder les vélos, j’ai donc apporté le mien. Advienne que pourra!

À première vue, le nouveau tramway impressionne par ses lignes arrondies et élégantes. Composé de cinq modules qui s’articulent tel un accordéon, le nouveau tramway se démarque des modèles précédents par sa longueur. Peint en rouge et blanc, il s’apparente toutefois quelque peu avec le reste de la flotte. 

Une fois à l’arrêt, le tintement familier qu’on entend habituellement dans le métro signale l’ouverture des quatre portes du nouveau tramway. Pour l’une d’entre elles, une rampe se déploie pour rendre l’accès plus aisé. Disparues les marches de l’ancien tramway, le nouveau modèle est nettement plus bas. Autre changement d’habitude pour les Torontois, il faut désormais appuyer sur un bouton pour actionner l’ouverture de ces portes. Finies les queues interminables pour monter à bord par l’avant du véhicule!

Une fois à bord, j’installe mon vélo à l’endroit réservé à cet effet. Une sangle et un crochet le maintiennent en place. Je me dirige ensuite vers une des nouvelles machines installées à bord qui dispensent un billet, preuve de paiement pour mon voyage. On peut régler en utilisant un jeton ou en espèces (la machine ne rend pas la monnaie). Bien entendu, une correspondance ou bien une carte d’abonnement font aussi l’affaire. Il est aussi possible de s’acquitter du paiement aux quelques arrêts équipés d’une telle machine, avant même de monter à bord. Fini le bruit du jeton qui tombe au fond de la petite boîte installée près du chauffeur!

Les grandes vitres du nouveau tramway créent une atmosphère d’espace et de lumière, en même temps que de permettre aux passagers de contempler la ville. Des panneaux lumineux et une annonce vocale indiquent le prochain arrêt et la correspondance avec une autre ligne. Un petit bouton rouge permet de demander le prochain arrêt. Au rencart la cordelette jaune!

À bord, la climatisation maintient l’air respirable, même en ce jour de grande affluence. Le nouveau tramway est aussi nettement plus silencieux que le modèle précédent. Les passagers semblent ravis de répondre aux questions des nombreux médias venus couvrir cet événement. Ils applaudissent même quand le tramway négocie avec brio la boucle au bas de la rue Spadina. Un hourra d’acclamations retentit également quand un modèle des années 1930 vient à croiser sa nouvelle consœur. Respect oblige!

Un système de caméras permet au chauffeur d’avoir une vue d’ensemble de son véhicule. Celui-ci contrôle la vitesse et le freinage du véhicule au moyen d’un levier à main. Oublié le sempiternel souffle du système pneumatique de la pédale de frein.

Depuis le 31 août dernier, deux nouveaux tramways sont en service sur la ligne Spadina. D’ici 2019, la TTC aura mis en service plus de 200 de ces nouveaux tramways. En 2015, les lignes Bathurst, Harbourfront, Dundas. En 2016, ce sera le tour des lignes Queen, King et Lakeshore. Puis enfin en 2018, les lignes St-Clair, Downtowner, Kingston Road et Carlton seront équipées. 

Pour plus de renseignements au sujet des nouveaux tramways : www.ttc.ca.

Photo : Xavier Lambert à bord