Rares sont les réalisateurs ayant réussi à marquer autant le domaine du cinéma que David Cronenberg. La ville de Toronto par l’intermédiaire du TIFF a décidé de dédier une exposition à l’un de ses enfants car oui, cet as de la bobine est né et vit toujours dans la capitale ontarienne.
Intitulé « David Cronenberg : Evolution », cet évènement retrace la carrière du Canadien au fil de ses différentes œuvres, à travers le prisme de sa fascination pour l’évolution humaine, les espoirs qu’elle porte ainsi que les dangers. C’est en somme un véritable trésor que Cronenberg a choisi d’exhiber ici, comptant pas moins de 300 pièces originales, de croquis visionnaires et de vidéos inédites.
Franchir le seuil de la salle principale est déjà toute une expérience : on entre dans une atmosphère mélangeant salle de cinéma, train fantôme et pays des merveilles. Les hurlements provenant des premiers films d’horreur à petit budget suffisent à intriguer le visiteur qui s’amuse à découvrir les scripts originaux des scènes apparaissant sur les écrans. On assiste avec effroi et admiration à ce défilé de créatures informes, où meurtres et sexe se lient pour offrir une expérience unique au spectateur. Assister aux croquis décrivant toutes les étapes de transformation de la bestiole issue du célèbre film La Mouche est jouissif en soi, et lorsque l’on se retourne pour admirer la véritable machine responsable de la mutation utilisée dans le film, il nous vient comme une envie de faire « bzzzz » et de battre des ailes.
La plupart des productions les plus populaires du réalisateur y passent et l’on découvre avec plaisir les créatures en silicone du film eXistenZ ou encore celles du Festin Nu, comme les fameuses machines à écrire vivantes ou encore un « sex blob », sorte de pieuvre assortie d’avantages féminins, aussi drôle qu’inquiétante.
Ce bal des horreurs s’arrête finalement pour laisser place aux films les plus récents comme Promesses de l’ombre, Une méthode dangereuse ou encore Cosmopolis, présentant les costumes originaux portés par les acteurs ainsi que certains objets emblématiques des oeuvres. Moulages des différents visages, montres futuristes ou vêtements d’époque sont de la partie, et l’on se plonge dans ces différents univers avec une certaine jubilation.
Enfin, si l’on se rend au quatrième étage du TIFF Bell Lightbox, on peut y trouver un dernier volet de l’exposition, gratuit cette fois, qui offre différentes entrevues vidéo avec les personnalités des films de Cronenberg ainsi qu’un accès à une visite virtuelle sur ordinateur.
Un morceau de magie audiovisuelle en plein cœur de Toronto qui ne laissera pas indemne les cinéphiles et autres adeptes des produits signés Cronenberg. Une odyssée dans la vie d’un auteur aussi controversé qu’adulé, une visite dans le cortex d’un génie cinématographique aux concepts aussi malsains que jouissifs.
L’exposition « David Cronenberg : Evolution » se poursuit jusqu’au 19 janvier à la galerie HSBC du TIFF Bell Lightbox, situé au 350 rue King Ouest, à un tarif allant de 10 à 15 $.