Après le succès de Médée sur la scène torontoise du théâtre Elgin, les chanteurs lyriques de l’Opera Atelier poussent les portes du Château de Versailles où ils donneront, du 19 au 21 mai, trois représentations de la tragédie grecque de Corneille mise en musique par Charpentier.
L’Opera Atelier est la seule compagnie canadienne à connaître ce privilège, né de la rencontre, il y a trois ans, du metteur en scène Marshall Pynkoski et du directeur de la filiale spectacle Laurent Brunner.
Les dix chanteurs, 16 danseurs et 30 musiciens donnent ainsi une nouvelle dimension à leur production et à l’œuvre de Marc-Antoine Charpentier, à Paris, lieu de sa création. Longtemps écarté de la cour par Lully, favori du roi Louis XIV, le compositeur baroque des comédies-ballets de Molière attendra la mort du surintendant de la musique pour enfin créer, en 1693, son premier opéra : Médée. Ce sera son dernier.
Pour avoir séduit son amant Colin Ainsworth (Jason), Mireille Asselin (Creüse) connaîtra la vengeance de Peggy Kriha Dye (Médée), dans une mise en scène à la fois moderne et historique, digne de l’Opéra royal, cet écrin architectural d’exception inauguré en 1770 sous Louis XV. « C’est le plus vieil opéra du monde, un lieu chargé d’histoire qui a été la théâtre de la naissance de la musique baroque », s’enorgueillit Catherine Pégard, la présidente de l’établissement public de Versailles – qui regroupe le château, le musée et le domaine national.
L’expérience se poursuivra à la Chapelle royale, autre joyau de Versailles, édifié à la gloire de Saint Louis pour le Roi Soleil. Ce concert spécial, le 21 mai, mettra en vedette les chanteurs, les danseurs et les membres de l’Orchestre baroque de Tafelmusik, des extraits de Purcell, ainsi qu’une nouvelle composition canadienne du violoniste Edwin Huizinga et la danseuse Tyler Gledhill.
« Nous accordons chaque année avec plaisir une place à l’Opera Atelier qui fait connaître la musique française au Canada. Nous ouvrir sur le monde est dans notre ADN, poursuit Mme Pégard qui voit dans ce partenariat un pont entre deux cultures autour d’une œuvre majeure.
En visite à Toronto au début du mois, la présidente a assisté à l’une des représentations données au théâtre Elgin. « Notre délégation a reçu un accueil chaleureux de cette jeune troupe talentueuse encore peu connue du public de l’autre côté de l’Atlantique. Lors de notre passage au Consulat général de France, Mireille Asselin nous a chanté La vie en rose, en guise de bienvenue. Notre intention est de faire de ce spectacle un symbole de la saison culturelle de Versailles. »
Sept millions de visiteurs, dont près de 140 000 Canadiens, arpentent chaque année les allées et les galeries du château de Versailles dont les collections s’enrichissent régulièrement de nouvelles acquisitions et s’approprient de nouveaux espaces, à l’image du Musée des carrosses ou de la Galerie des croisades.
Médée s’inscrit dans une programmation de 90 spectacles qui alimentent le prestige de ce haut lieu de l’histoire de France.

Photo : Mireille Asselin (Creüse) aux prises avec Peggy Kriha Dye (Médée). © Bruce Zinger