Énergiques, sincères et contagieuses, ses chansons respirent la soul et le jazz. Au Théâtre Flato de Markham, le mercredi 25 octobre, Lisa Simone vient partager les titres de son dernier album My world avec, dit-elle, « son cœur, son esprit et son héritage. »

La musicienne franco-américaine a cette particularité d’être née deux fois. En 1962 à New York où elle a vécu dans l’ombre de sa mère, Nina Simone, la chanteuse et pianiste internationale devenue militante pour les droits civiques. Et en 1990 en Europe lorsqu’elle a décidé de devenir qui elle était vraiment, au plus profond d’elle-même.

« La musique qui avait bercé toute mon enfance est revenue un soir dans un bistrot allemand, se souvient-elle. J’avais 28 ans. Un pianiste jouait dans un coin et j’ai chanté avec lui. Deux semaines plus tard, j’ai reçu un appel qui allait changer le cours de ma vie. »

Assistante-ingénieur dans l’armée de l’air américaine, celle qui avait tourné le dos à des études de droit international amorce alors un nouveau virage. « Pour la première fois, j’ai suivi mon cœur. Je ne voulais pas regarder en arrière 20 ans plus tard et nourrir des regrets, confie l’ex membre des Liquid Soul, enchaînant plusieurs spectacles avant d’être sacrée meilleure actrice dans une comédie musicale par le National Broadway Theater Award.

Quittant Broadway pour la maison familiale de Carry-le-Rouet (Provence, France) – où sa mère a vécu jusqu’à sa mort en 2003 –, Lisa Simone ne rentrera pas. « Rester en France pour réaliser mes rêves a été la meilleure décision que j’ai prise. », sourit-elle. Aux États-Unis, je ne correspondais pas aux standards. En France, je m’inscrivais dans la longue tradition d’ouverture sur la musique noire et je pouvais enfin chanter ma joie. »

Une joie qui déborde sur scène avec la complicité du guitariste Hervé Samb et de musiciens hors-pair. Au premier album All is well en 2014, succédera My world en 2016. « La scène me transforme. Lorsque je suis fâchée ou blessée, ma colère, mes peurs, mes doutes se métamorphosent en énergie positive que je partage avec le public. Ma vie, c’est mon inspiration pour la musique. Je puise dans les expériences de ma vie pour écrire et chanter l’humanité. Quelle que soit la couleur, la culture ou la langue, nous sommes connectés aux mêmes espoirs, aux mêmes craintes, aux mêmes rêves. C’est cette connexion que je chante à travers des titres intimes comme Ode to Joe, ou des morceaux plus rythmés comme Hold on. J’ai écrit avec Hervé Samb mais aussi ma fille. C’est une longue tradition dans ma famille! »

Si l’artiste ne renie rien de sa filiation, elle a su tracer sa propre voie. : « L’esprit du gospel m’a toujours habitée et je suis fière d’être la fille de Nina Simone. Mais quand je me regarde dans le miroir, c’est moi que je vois, avec mon style, ma musique, ma voix », juge-t-elle, se démarquant du classique maternel par ses influences contemporaines, de Quincy Jones à Led Zeppelin, qui esquissent une musique instinctive et positive que le public pourra découvrir à Markham le 25 octobre.

 

Photo : Lisa Simone (©AlexandreLacombe)