Et si l’intégration des nouveaux arrivants passait aussi par la cuisine? C’est la question soulevée par le Comité local en immigration francophone (CLIF) de Peel-Halton-Dufferin, le mardi 9 novembre, à l’occasion d’un panel de discussion. L’événement, parmi bien d’autres, se tenait dans le cadre de la Semaine nationale de l’immigration francophone.
Animée par Mikhaela Sullivan, agente des relations communautaires à Oasis Centre des femmes, la rencontre visait à promouvoir la diversité et à favoriser la reconnaissance mutuelle. Après quelques mots de Françoise Magunira, coordonnatrice des Services d’établissement et du programme d’accueil Pearson au Centre francophone du Grand Toronto, qui a présenté le mandat du CLIF, les deux panélistes ont successivement pris la parole.
C’est Fété Kimpiobi, directrice générale de SOFIFRAN, un organisme de la région du Niagara qui travaille auprès des immigrants, qui, la première, s’est adressée à l’assistance.
« La cuisine est un lieu idéal pour socialiser », a d’abord relevé Mme Kimpiobi dont l’intervention s’est attardée aux distinctions entre la culture et les traditions. Selon elle, sur le plan de l’alimentation, la manière d’apprêter les mets et de leur conférer telle ou telle saveur relèverait plutôt de la culture tandis que les symboles, croyances, cérémonies, etc. entourant la préparation des repas tiennent des traditions. En plusieurs anecdotes relatives à son Congo natal, elle a d’ailleurs illustré le rôle de l’alimentation dans les rites sociaux.
En ce qui touche à l’intégration des immigrants, Fété Kimpiobi a fait remarquer que les Canadiens aiment goûter à de nouveaux mets, ce qui représente un potentiel pour ceux qui se cherchent un débouché professionnel. « Si on décide de se lancer dans l’entrepreneuriat en restauration, je suis convaincue que ce sera un grand succès », a-t-elle ainsi conclu.
Faire de la cuisine une source de revenus, c’est justement ce que Sonia Kleper, originaire du Burkina Faso, a entrepris avec son service de traiteur. Son intérêt pour ce domaine d’activités et son parcours personnel l’ont conduite à certaines réalisations : « L’immigration francophone m’a permis de comprendre comment la diversité culinaire m’a aidée dans mon établissement au Canada ».
Selon Mme Kleper, la préparation et la nature des mets qu’affectionnent les nouveaux arrivants s’adaptent inéluctablement à la réalité canadienne. D’abord, pour des raisons économiques, les ingrédients étant plus chers ici que dans leur pays d’origine, ce qui oblige souvent d’alterner les repas « traditionnels » avec ce qu’il est plus fréquent de manger sous nos latitudes. Aussi parce que, importés de loin, les produits ne sont pas aussi frais et peuvent ne pas avoir le même goût.
Qui plus est, comme l’a rappelé Sonia Kleper, l’immigration s’accompagne d’un changement de style de vie : un horaire chargé requiert d’être plus stratégique dans son emploi du temps en ce qui concerne la préparation des repas; le contact avec plusieurs autres cultures s’avère une source d’influences et d’inspiration culinaire; l’intérêt se développe pour la nourriture santé; les parents doivent mettre plus d’efforts pour intéresser leurs enfants à ce qu’ils doivent manger; etc.
« Il faut savoir s’adapter tout en ne perdant pas nos valeurs et nos traditions », a ajouté Mme Kleper en guise de conclusion.
L’assistance a ensuite échangé avec les panélistes sur toutes ces questions qui sont d’un intérêt universel.
PHOTO – Sonia Kleper