Même sans avoir pris connaissance de l’oeuvre, bon nombre de gens ont entendu parler des aventures du baron de Münchhausen. Les histoires invraisemblables de ce personnage font partie, depuis plus de 200 ans, de la culture populaire non seulement allemande mais européenne. La renommée et l’originalité de ce récit en faisaient une pièce idéale pour le 10e anniversaire de la troupe des Indisciplinés de Toronto.
En effet, les comédiens ont décidé de combler leur public pour passer le cap de cette première décennie d’existence. Il s’agit d’une des plus importantes productions de l’histoire des Indisciplinés en termes de budget : en louant le théâtre du Collège universitaire Glendon, la troupe dispose d’un éclairage, d’un système sonore et d’un environnement à la hauteur de leurs ambitions mais aussi de leurs besoins, car cette pièce fait appel à une logistique élaborée.
Münchhausen – Les Machineries de l’Imaginaire est une des nombreuses adaptations des exploits du baron et celle-ci est d’Hugo Bélanger, un metteur en scène québécois prisant le jeu très physique et dont l’approche, en ce qui concerne l’imagerie, s’inspire de ce qui était en vogue à la fin du XIXe, début XXe siècle.
Les Indisciplinés se sont mis à la tâche pour reproduire, dans les limites de leurs moyens, cet univers d’Hugo Bélanger. À chaque défis rencontré, la troupe s’en est tirée par une astuce, une nouvelle invention : « Ce qu’on a fait, c’est d’ajouter des éléments de théâtre d’ombres, de projections, de marionnettes et de théâtre d’objets pour apporter ces touches de fantastique qui se déroulent dans la pièce », explique Jean-Nicolas Masson, metteur en scène.
Du fantastique, il en faut en effet beaucoup pour suivre le baron dans ses péripéties. Mais au fait, en quoi consiste l’histoire qui sera offerte au public franco-torontois? « Il y a le baron de Münchhausen qui a réellement existé au XVIIIe siècle et qui a servi dans l’armée russe. Il avait la réputation, à l’époque, de raconter des histoires grandement exagérées, explique M. Masson. À un moment, il y a eu un auteur qui a entendu ces histoires et les a publiées. » Le baron est devenu depuis un personnage du folklore allemand, à la fois poétique et burlesque.
Ce n’est pas tout. La pièce fusionne en fait deux récits : celui du baron qui raconte ses exploits et celui, tout aussi ancré dans l’histoire, d’une troupe de théâtre, la Compagnie Gustave Galimard et fils, qui, de sa fondation en 1797 jusqu’à sa dissolution en 1974, a sillonné l’Europe pour raconter les aventures du célèbre affabulateur. Le public assiste donc à cette collision du réel et du fictif où Münchhausen, sorti des limbes du passé, tance les acteurs de la troupe qui selon lui ne racontent pas correctement sa vie pour ensuite les entraîner à sa suite dans ses nombreuses prouesses.
Cette pièce était donc parfaite pour fêter les dix ans de la troupe torontoise. « On voulait quelque chose d’un peu épique, grandiose », commente Geneviève Brouyaux, présidente des Indisciplinés. Mme Brouyaux est également une des fondatrices de la troupe et, à ce titre, est bien placée pour faire le bilan de cette décennie qu’elle dit être marquée au sceau de la durabilité, de la débrouillardise, de l’inclusion et de la qualité. « On est vraiment bien installé dans la francophonie torontoise et on y a beaucoup contribué », se réjouit-elle.
C’est donc un rendez-vous, les 7, 8, 13 et 14 juin, pour assister à cette nouvelle production des Indisciplinés qui séduira petits et grands.
PHOTO – Les Indisciplinés en pleine répétition : le baron de Münchhausen entraîne ses compagnons dans une série d’aventures fantastiques.