Du 22 novembre au 10 décembre, Oasis Centre des femmes s’est joint au mouvement mondial pour dire non à la violence basée sur le genre. Avec 52 féminicides enregistrés cette année en Ontario, la campagne Ensemble contre la violence basée sur le genre : 16 jours d’activisme 2024 est essentielle pour sensibiliser, éduquer et agir pour un avenir sans violence.
Plusieurs activités ont été organisées par Oasis dont une foire sur la santé mentale des femmes, une discussion axée sur le film Les Chatouilles en partenariat avec l’Alliance française de Toronto et quelques experts et acteurs de changement social, une conférence sur la violence en milieu de travail en partenariat avec le Centre francophone du Grand Toronto, et plus récemment, une soirée de commémoration pour les victimes de la violence faite aux femmes par les hommes alliés d’Oasis à l’Université de l’Ontario français.
Ce jour-là, les membres d’Oasis et du public, les hommes alliés d’Oasis Centre des femmes et de l’Université de l’Ontario français se sont réunis pour honorer la mémoire des 14 jeunes femmes qui ont tragiquement perdu la vie le 6 décembre 1989 à l’École Polytechnique de Montréal. On se souviendra que ces étudiantes, animées par leur passion pour l’ingénierie et leur désir de bâtir un avenir meilleur, ont été arrachées à leurs familles par la violence.
« Ces morts brutales nous rappelle les ravages du sexisme et de la violence basée sur le genre, des fléaux qui continuent d’exister dans nos sociétés, explique le conférencier et homme allié Serge Paul. Ces vies perdues ne doivent jamais être oubliées parce qu’elles portent un message essentiel : celui de l’urgence de bâtir un monde où règnent l’égalité, le respect et la paix. »
Ce dernier a discuté longuement de cette violence devant l’auditoire et a donné quelques idées et conseils pour contrôler sa propre violence. Des astuces comme prendre du recul, quitter le conflit temporairement pour prévenir une escalade et réfléchir calmement.
« Vous pouvez aussi cultiver des activités apaisantes pour canaliser l’énergie de votre colère dans des activités sportives, la relaxation, le yoga, et d’autres plus créatives comme l’écriture, le dessin ou le bricolage », ajoute M. Paul. Des membres de l’auditoire ont aussi partagé des anecdotes personnelles et la manière dont ils ont géré leur colère.
« Le thème que les hommes alliés ont choisi aujourd’hui est comment on gère la colère, explique la directrice générale d’Oasis Centre des femmes, Dada Gasirabo, parce que la colère vient derrière tous les féminicides.
« Le tueur de la Polytechnique avait une colère tragique et il l’a déversé sur les 14 femmes innocentes parce qu’il ne voulait pas que les filles fassent des études à ce niveau. Ça explique la haine des femmes d’abord, mais aussi le pouvoir qu’on a d’agresser qui que l’on veut et de transposer sa colère sur les autres. Alors comment exprimer sa colère de façon positive?
« La colère n’est pas nécessairement une émotion négative mais il faut savoir la gérer. C’était ici l’idée de vraiment éduquer les hommes à gérer leur colère. Depuis les trois dernières années, ce sont nos hommes alliés qui organisent cette commémoration du 6 décembre dans le cadre des 16 jours d’activisme. »
« Nous sommes une quinzaine d’hommes alliés, notre groupe s’agrandi et se structure de plus en plus pour pouvoir être plus redevable de nos actions et de faire en sorte que l’on perdure, qu’on ne s’effrite pas comme beaucoup d’actions ou de comités francophones qui se perdent un peu, malheureusement, dans la durée.
« Cette année, nous avons fait trois ateliers avec des étudiants du Collège Boréal et de l’Université de l’Ontario français, souvent des étudiants étrangers qui arrivent avec leur conception culturelle et qui ne sont pas forcément acquis à la cause. Nous leur montrons des courts-métrages et leur proposons des formations où, comme ce soir, nous faisons des débats et nous les laissons s’exprimer, ce qu’ils ressentent sur ce thème-là sans jugement. Ça leur permet de se parler et de s’éduquer entre eux », conclut Serge Paul.
Photo: : Les intervenants d’Oasis et de l’Université de l’Ontario français