Souvenez-vous. En 2010, le Canada accueillait fièrement les Jeux olympiques d’hiver à Vancouver. Outre un petit problème technique lors de l’allumage de la flamme, ces Jeux ont été marqués par la polémique qui fit rage suite à la quasi absence de la langue française, pourtant langue olympique et langue officielle du Canada, lors de la cérémonie d’ouverture. Le directeur des Jeux, John Furlong, rejeta par la suite la faute sur l’auteur et interprète québécois Gilles Vigneault, qui n’aurait pas voulu céder sa chanson Mon Pays dont les paroles auraient été changées lors de la cérémonie pour faire croire que « son pays » serait le Canada et non le Québec.
Le 11 mars dernier, CBC-Radio Canada mit la main sur une note de Patrimoine canadien, datant de juillet dernier, et pointant des « risques » que les Jeux panaméricains de Toronto 2015 ne remplissent complètement leurs obligations linguistiques en ce qui concerne la langue française. Aussitôt, le spectre du fiasco de Vancouver ressurgit, d’autant que TO2015 est une organisation encore fragile et qui se remet à peine d’un scandale de notes de frais qui a emporté avec lui l’ancien directeur général des Jeux.
Louise Gauvreau est responsable de l’aspect francophone des Jeux panaméricains de Toronto. Jointe au téléphone, elle se veut rassurante. « Pour garantir la présence du français, TO2015 s’inspire des deux rapports du commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, et celui des services en français, François Boileau », indique Mme Gauvreau. Rappelons que l’équipe des Jeux olympiques de Vancouver avait ignoré les recommandations de M. Fraser lors de la préparation des Jeux et n’avait pas cherché à travailler avec ses services. « Nous nous dotons de structures tant en interne qu’en externe. Une structure en interne s’assure de la présence du français dans tous les départements », poursuit-elle. Une présence égale à celle de l’anglais et de l’espagnol, les deux autres langues officielles des Jeux panaméricains.
En termes linguistiques, le plus grand échec des Jeux de Vancouver fut la cérémonie d’ouverture. Celle de TO2015 est confiée au Cirque du Soleil. La grande entreprise de spectacle québécoise a été solidement informée sur les exigences linguistiques des Jeux. « Nous avons rencontré deux fois le Cirque du Soleil pour leur parler de la francophonie ontarienne, et de la francophonie canadienne, pour bien s’assurer que les francophones soient à la table de cette cérémonie d’ouverture. Nous leur avons aussi dit qu’il y aurait peut-être l’occasion de célébrer avec ces jeux le 400e anniversaire de l’arrivée des Européens en Ontario, ajoute Mme Gauvreau. Sachant bien sûr que le Cirque du Soleil a le choix final au niveau éditorial, mais il est informé de ce que veulent les francophones. »