De nombreux organismes interviennent en matière d’aide alimentaire à Windsor et plus généralement dans le Sud-Ouest ontarien. Pendant longtemps, le recours à ces structures fut perçu par les bénéficiares, sinon comme un aveu d’échec social, tout du moins comme une démarche stigmatisante, voire honteuse.
Fort est de constater que nul n’est aujourd’hui totalement à l’abri des coups du sort de l’existence ou de circonstances pouvant nécessiter, même exceptionnellement, la solidarité et l’assistance de la communauté.
Il n’en demeure pas moins que les chiffres d’évaluation de la précarité alimentaire ont littéralement explosé au cours des deux dernières années. Ainsi, le nombre de visites aux banques alimentaires canadiennes a connu un bond de 20 % à l’échelle nationale au plus fort de la pandémie, durant le premier semestre de 2019.
Cette situation perdure dès lors et l’organisme Banques alimentaires Canada a récemment dévoilé, dans son rapport Bilan-faim pour l’année 2021, un portrait inquiétant de la situation des ménages canadiens.
Le document met ainsi en lumière le recensement de plus de 1,3 million de personnes qui ont recouru aux banques alimentaires en mars 2021, soit la plus forte augmentation de ces services depuis la récession de 2008.
Cette situation d’une misère sociale qui tend à se généraliser serait la résultante du cumul de plusieurs facteurs, allant de la forte augmentation des prix du logement à des pertes d’emploi liées à la pandémie, en passant par une inflation galopante.
Enfin, comme un facteur aggravant à ce contexte de véritable guerre contre la précarité alimentaire, le retrait anticipé des soutiens gouvernementaux, dont la Prestation canadienne d’urgence, génère encore davantage d’attentes vis-à-vis des banques alimentaires.
« Ça va mal, la situation est grave, s’exprime ainsi Phil Ozga, directeur des relations gouvernementales et de l’engagement politique au sein de Banques alimentaires Canada. On s’inquiète de ce qui est à venir, car les banques alimentaires à travers le pays voient une hausse mensuelle et constante de l’affluence du public, cela continuera vraisemblablement les prochaines années. »
Si les adultes qui vivent seuls représentent 46 % des personnes ayant recours aux banques alimentaires, une triste réalité met également en exergue le fait que près de 35 % des usagers sont des enfants.
Cette dernière précision est d’autant plus préoccupante que les enfants, en particulier, subissent doublement toutes les formes de malnutrition ou d’insuffisance alimentaire du fait d’une période de croissance nécessitant des apports nutritionnels en quantité suffisante et variée.
« Nous avons un choix crucial à faire, c’est l’occasion de bâtir un Canada où personne ne souffre de la faim ou est laissé pour compte », affirme avec véhémence David Armour, chef de la direction par intérim de Banques alimentaires Canada.
Joignant les chiffres à la parole, il précise que dans la dernière décennie plus de 4500 banques alimentaires et organismes communautaires ont joint leurs efforts afin d’aider les personnes les plus vulnérables, ce réseau ayant distribué environ 650 millions de kilos de denrées.
Enfin, Banques alimentaires Canada a versé près de 170 millions $ afin de structurer et coordonner l’action des acteurs communautaires, associations et institutions caritatives oeuvrant en la matière. L’union fait donc assurément la force!
Au final, si le défi relevé par les banques alimentaires demeure de taille, il est également l’occasion concrète de l’illustration de la capacité d’une société à prendre soin des plus faibles et des indigents.
SOURCE – Stéphane Lucky
PHOTO (crédit: Facebook) – Des bénévoles s’activent pour la Daily Bread Food Bank de Toronto.