Récemment, l’organisme EcoAmbassadeurs proposait une conférence virtuelle sur le thème « L’équité et l’inclusion dans les écoles de langue française de l’Ontario : être à l’écoute et s’engager dans le dialogue ».

Cet organisme à but non lucratif offre des services bilingues aux membres des communautés immigrantes dans les domaines de la santé, de l’éducation, l’entrepreunariat et l’écologie pour leur épanouissement social, économique et civique.

Pour cette rencontre, la journaliste Pamela Kazekare, mère de plusieurs enfants qui fréquentent les écoles de langue française recevait Diane Farmer, sociologue spécialisée dans l’étude des communautés francophones minoritaires du Canada, ainsi qu’en sociologie de l’éducation et de l’enfance. Professeure au département d’Éducation à la justice à l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario, elle est également chercheuse au Centre de recherche en éducation franco-ontarienne.

Mme Farmer a parlé de ses deux projets, soit une étude des récits biographiques d’élèves du primaire issus de l’immigration, et un peu plus de la deuxième étude réalisée auprès des membres du personnel enseignant sur la mise en pratique de la stratégie ontarienne d’équité et d’éducation inclusive.

« Nous sommes très chanceux parce que dans les écoles françaises, nous avons des enfants qui proviennent de partout dans le monde et dont la majorité sont issus de l’immigration, raconte la conférencière. C’est important d’avoir un vocabulaire commun et des occasions de discuter avec eux pour mieux comprendre les problèmes d’équité et d’inclusion, même la discrimination qui continue encore aujourd’hui. »

Cette étude a été réalisée avec l’aide de Christine Connelly, chargée d’enseignement à l’Université de Toronto, et Miriam Greenblatt, enseignante accompagnatrice, Écoles sécuritaires et tolérantes au Conseil scolaire Viamonde. Elle est issue d’une initiative de formation sur l’éducation inclusive réalisée auprès du personnel enseignant de deux écoles de langue française à Toronto. L’éducation inclusive vise à mettre en œuvre des pratiques d’enseignement sensibles à la culture des élèves et à lutter contre toutes formes de discrimination.

« C’est dans l’optique d’un accompagnement que nous avons facilité cette formation dans laquelle le personnel enseignant a développé divers projets en salle de classe sur une période d’une année scolaire, explique Mme Farmer. Nous avons présenté en première partie le modèle de formation développé et cherché à approfondir en deuxième partie un enjeu soulevé par une équipe enseignante : soutenir la voix de l’élève dans cette démarche d’éducation inclusive. Nous avons interrogé la notion contentieuse de la voix de l’enfant ou de l’élève ici, un domaine d’intervention ciblé par l’éducation inclusive.

« Les participants ont beaucoup discuté entre eux des difficultés rencontrées lorsqu’il s’agit de sortir des cadres habituels, en invitant des parents en classe, par exemple. Ils en ont profité pour échanger des idées et stratégies entre collègues. Lors de ces échanges, nous avons continué à discuter avec le personnel enseignant, fourni des ressources sur place (livres, revues, trousses disponibles, liste de ressources accessibles en ligne) et rendu possible des temps de rencontre et de planification entre équipes enseignantes en défrayant les coûts de suppléance.

« Tout au long de cette formation, nous avons cherché à soutenir la démarche, mais non pas à prescrire une approche. Rendre des ressources accessibles a été une façon de reconnaître la difficulté que présente le peu de temps dont dispose le personnel de l’école pour recenser des écrits et de reconnaître, par la même occasion, le privilège dont disposent les chercheurs d’avoir justement ce luxe.

« L’idée était que les enseignants puissent réaliser un projet avec leurs classes respectives et, vers la fin de cette année, ils ont fait une réflexion à la suite de cette démarche. Ils ont mis en valeur ce qu’ils ont appris durant la Semaine de l’éducation.

« On parle ici d’un changement social, un changement de société. Avec les récits des enfants, ce qu’on voyait vraiment était une continuité dans leur parcours, et non une rupture après leur arrivée ici. Un élément de continuité qui démontre une certaine forme de mobilité.

« L’objectif de l’équité et de l’éducation inclusive est de comprendre, d’identifier, d’examiner et d’éliminer les préjugés, les obstacles et la dynamique du pouvoir qui restreignent l’apprentissage et l’épanouissement des élèves et leur pleine contribution à la société. Les obstacles peuvent être fondés sur le sexe, l’orientation sexuelle, l’identité sexuelle, l’expression de l’identité sexuelle, la race, l’origine ethnique, la religion, le statut socioéconomique, les capacités physiques ou intellectuelles, ou d’autres facteurs. « Plusieurs facteurs peuvent se recouper et générer des obstacles supplémentaires pour certains élèves. Ces obstacles et ces préjugés, qu’ils soient manifestes ou subtils, intentionnels ou non devaient être cernés et abordés », conclut Mme Farmer.

Photos :

Pamela Kazekare (à gauche) et Diane Farmer