La civilisation égyptienne a duré 3000 ans. Jusqu’à ce que l’empire romain conquiert l’Égypte, en -30 avant notre ère. Elle est l’une des civilisations qui a duré le plus longtemps et, dans cette immense temporalité, ils ne sont que quelques-uns à émerger dans la conscience collective : quelques pharaons et quelques reines dont Ramsès II, Néfertiti, Thoutmosis, Toutankhamon, Cléopâtre et Akhenaton. 

Akhenaton. Akhenaton, époux de Néfertiti, fils de Tiyiet du pharaon Amhenotep III, est un de ces personnages historiques qui alimente les fantasmes. Pharaon sous le nom d’Amhemotep IV, il change de nom pour s’appeler Akhenaton. Il change également les croyances égyptiennes, bouleversant des pratiques millénaires et fait de même pour l’art. Pourtant, cette révolution cultuelle et culturelle n’aura pas de lendemain. Après son règne, l’Égypte revient à la religion traditionnelle.

La révolution d’Akhenaton est visible sur le plan artistique. L’interprétation des corps change, est plus réaliste. Les lèvres sont charnues, les ventres visibles. Les animaux sont représentés, les fleurs aussi, dans une évolution poétique certaine. La représentation d’Akhenaton est de plus en plus androgyne, loin des figures viriles de ses prédécesseurs, représentés châtiant leurs ennemis. 

D’ailleurs, le règne d’Akhenaton est marqué par un désintéressement des frontières, tandis que l’empire égyptien avait tendance à s’agrandir vers le Moyen-Orient. Au contraire, malgré les appels à l’aide de plusieurs vassaux, l’Égypte recule sous la pression de ses voisins hittites. 

Progressivement d’abord, puis plus drastiquement, Akhenaton impose le culte d’un dieu unique, Aton. Le dieu soleil, l’astre, celui qui disparaît à la tombée du jour, pour laisser la terre silencieuse et froide et qui ne prodiguera ses rayons bienfaisants que le lendemain. Des rayons qui sont à l’origine de la vie et de toute la vie, y compris celle des peuples étrangers, alors que le panthéon traditionnel égyptien ne se rapportait qu’aux peuples égyptiens, niant presque la qualité d’humains aux ennemis du pharaon.

Peut-on parler de monothéisme en ce qui concerne le culte d’Aton? Et bien, Jean Révez s’y refuse. Il utilise plutôt le terme de « monolâtrie ». En effet, plusieurs différences de tailles existent entre le premier monothéisme, le monothéisme hébreux et le culte atonique. D’autres divinités continuent à être célébrées, par exemple. D’ailleurs, la dissémination de ce culte est plutôt limitée dans le peuple égyptien. M. Révez parle d’une « révolution en vase clos ».

Une révolution à l’origine d’un des souverains les plus fascinants de l’histoire humaine. Le premier grand mystique, le premier prophète connu. Ce n’est pas rien. 

Photo : Jean Révez, à l’Alliance française