Le mercredi 10 septembre, à l’Alliance Française, la chercheuse Ludiwine Clouzot, également présidente de l’organisation à but non-lucratif Ecoloodi, a montré et commenté le film de Yann Artus Bertrand : La soif du Monde. S’en est suivie une discussion passionnante.
« Aujourd’hui, nous buvons l’eau qui a désaltéré les dinosaures » : cette phrase de Yan Artus Bertrand, tirée de son film La Soif du Monde, résume parfaitement l’aspect éternel du cycle de l’eau. Des grands glaciers à nos robinets, des ruisseaux aux océans aux pluies tropicales, aux fleuves impétueux, aux usines de traitement d’eaux usées, aux toilettes qui utilisent de l’eau potable, aux tuyaux d’arrosage, à la tasse de thé de 5 heures. Tout est lié, et tout semble éternel. Pourtant, cette éternité est menacée et, après examen, il ressort que si la quantité d’eau ne diminuera pas, c’est à la fois son usage, sa distribution et surtout, sa qualité qui posent problème.
L’eau, c’est la vie. Et c’est aussi la mort. Les inondations, les noyades, les tsunamis, les cours d’eau qui sortent de leur lit. L’eau, dans son absence, est aussi mortelle. On se tue pour l’eau, au Kenya, par exemple, où c’est accompagné de vieilles pétoires qu’on fait paître les vaches. En 2008, il n’y a pas plu pendant toute une année. Ce furent des pâturages asséchés, des groupes chassés de leurs terres, des escarmouches, des morts.
Dans le même temps, la ville de Barcelone, pourtant sise aux pieds des Pyrénées, une des réserves d’eau de l’Europe, s’est mise à manquer d’eau. La faute aux cultures d’irrigation extensives qui détournent les eaux catalanes. Dans l’urgence, des dizaines de bateaux-citernes furent convoqués, puis, l’État construisit une station de dessalement d’eau de mer, très polluante.
Bref, le problème de l’eau est un problème global, aux enjeux multiples. Y compris ici, au bord du lac Ontario, dont nous utilisons l’eau, et dans lequel nous rejetons nos eaux usées (après traitement).
Après le film, et avant une petite collation, la discussion a porté très vite sur le rôle des grandes entreprises dans les désastres écologiques. Déforestation, pollution, corruption ou tout simplement privatisation de l’eau, certaines grandes compagnies aggravent les problèmes.
« Ce genre de soirées, c’est ce que je préfère, admet Ludiwine Clouzot. J’aime ces discussions enflammées, je me nourris de ça! » La jeune femme, originaire de France, a fait son doctorat à l’université Laval de Québec et fondé son organisation à Toronto. « Ici, nous n’avons pas de problèmes d’abondance de l’eau, mais nous avons des problèmes de qualité, affirme-t-elle. Les problématiques autour de l’eau nous concernent tous, et c’est pour cela que j’organise ces séances. » À l’origine, les activités d’Écoloodi sont orientées vers les enfants, mais maintenant, Mme Clouzot se tourne vers tous les publics.
Ainsi, Georgette Ymele, est venue assister à une soirée « sensationnelle ». Originaire du Cameroun, elle connaît bien les problématiques de l’eau. « C’est impressionnant de voir les différents aspects des différents problèmes. Ici, personne ne sait ce qu’est la réalité des problématiques. » Nul doute que ce genre de soirées aide à s’en rendre mieux compte.