La grande majorité d’entre nous connaît le Parc des expositions pour s’être rendu à l’Exposition nationale canadienne ou bien à sa consœur la Foire royale d’hiver de l’agriculture. Peu savent cependant que le Parc des expositions possède des vestiges qui témoignent de la diversité architecturale, historique et culturelle de la Ville reine. 

C’est justement cette richesse que la Société d’histoire de Toronto (SHT) voulait mettre en valeur lors de sa dernière visite guidée. Les guides Chantal Smieliauskas et Marianne Aoun passèrent en revue quelques-uns des plus beaux bâtiments du parc. 

Le site des expositions se caractérise tout d’abord par un certain nombre de superlatifs. 

La plus grande fête foraine du pays s’y tient chaque année depuis 1879. Itinérante à travers la colonie du Canada-Ouest dans un premier temps, la foire finit par se fixer à Toronto. Connu en premier sous le nom de Foire industrielle de Toronto (Industrial Exhibition Association of Toronto), cet événement a vanté tour à tour les mérites de l’industrialisation, de l’Empire britannique et du progrès technologique. Plus d’un million de visiteurs se rendent chaque année à l’Exposition nationale canadienne.

On y trouve aussi le plus grand centre des congrès au Canada. Le bâtiment Direct Energy comprend 10 immenses 

salles d’exposition, 24 salles de réunion et un théâtre pouvant accueillir 100 personnes.  

Le plus vieux bâtiment de Toronto est censé s’y trouver. La cabane Scadding (Scadding Cabin), nommée après un conseiller de John Simcoe, se tenait autrefois près de la rivière Don. Elle fut déplacée sur le site des expositions en 1979 pour l’inauguration de la foire. 

La première traversée à la nage du lac Ontario aboutit au Parc des expositions durant l’édition de 1954 de la foire. La jeune Marilyn Bell parvint à effectuer cet exploit en un peu plus de 20 heures, empochant par la même occasion la somme de 10 000 $ qui était offerte par les organisateurs. 

La premier poste de radio y fut présenté au grand public en 1925. On parvint à retransmettre de la musique d’un bâtiment de la foire à un autre. 

La première éolienne en milieu urbain y fut installée en 2002. Elle génère près d’un million de kilowatts-heures chaque année. 

Le Parc des expositions est également chargé d’histoire. 

Les lieux furent le théâtre d’événements importants dans l’histoire de Toronto. Au tout début du XVIIIe siècle les Français y érigèrent leur premier fort, Fort Rouillé. Brûlé lors du départ des troupes françaises en 1759, il ne reste malheureusement plus rien des bâtiments en bois et de la palissade qui les entourait. Aujourd’hui, un obélisque marque l’endroit où se dressait Fort Rouillé. Les troupes américaines y firent deux incursions lors de l’invasion de Toronto en 1813. 

Le site renferme enfin de magnifiques trésors architecturaux. 

Le Liberty Grand, bâtiment de style Beaux-Arts, une architecture inspirée des époques romaines et grecques, présente une parfaite symétrie et des colonnes corinthiennes, des frises et des médaillons. Une arche parabolique en béton à l’image de celle de la ville de St-Louis orne la porte Dufferin, autrefois l’entrée principale du parc. Non loin, on trouve un groupe de cinq bâtiments dessinés par l’architecte George Wallace Gouinlock. On notera en particulier le très élégant Press Building de style Beaux-Arts et la caserne de pompiers. Cette dernière n’est pas sans rappeler les manoirs de la campagne anglaise. Le bâtiment de l’horticulture se distingue par son imposante coupole. Il fut bâti sur l’emplacement du Crystal Palace. Modelé après l’édifice du même nom à Londres et détruit dans un incendie en 1906, ce dernier fit longtemps figure de symbole de la foire. 

Au milieu du XIXe siècle, on construisit de nouveaux baraquements pour les troupes britanniques, Stanley Barracks. Ceux-ci devaient alors remplacer le Fort York. Seul le bâtiment des officiers a survécu aux démolisseurs. Tout près, le bâtiment de l’automobile (Automotive Building) constitue un bel exemple d’architecture Art déco. Il en va de même pour le Palais des chevaux (Horse Palace), un édifice sur lequel apparaissent çà et là des sculptures de chevaux en bas-reliefs.

Lorsqu’il entre ou sort du parc, le visiteur passe sous la Porte des princes (Princes’ Gate). Cette arche sur laquelle trône une Victoire de Samothrace est entourée de part et d’autre de 9 colonnes qui symbolisent les 9 colonies du Canada en 1927, année de la construction de la porte et 50e anniversaire de la Confédération canadienne. La Porte des princes, ainsi baptisée en l’honneur du prince Édouard et du prince George, demeure de nos jours la signature du Parc des expositions de Toronto. 

Pour plus d’information au sujet des visites guidées de la Société d’histoire de Toronto : www.sht.ca

Photo : Le groupe de la Société d’histoire de Toronto devant l’édifice Direct Energy