Au fil des ans, le Salon du livre de Toronto n’a cessé de grandir pour finalement atteindre l’âge de la majorité cette année. Fondé par Christine Dumitriu-van-Saanen, le Salon est devenu aujourd’hui un événement culturel incontournable de la Ville reine. Fiers de ce succès et conscients de ne pas se reposer sur leurs lauriers, les organisateurs continuent cependant d’innover afin d’attirer chaque année des nouveaux publics. Pour cette 21e édition, un accent particulier est mis sur les jeunes des écoles d’immersion. Le Salon n’hésite pas non plus à aller à la rencontre des lecteurs d’autres régions de la province puisque des auteurs se sont rendus à Windsor et à Owen Sound tout récemment.
« Nous visons cette génération décomplexée et désidéologisée pour laquelle le français est définitivement cool », affirmait lors de son discours d’ouverture Valéry Vlad, président du Salon du livre. Selon lui, ne pas continuer à nourrir cette flamme que nous avons allumée constituerait un énorme gâchis pour notre pays. Garder ces jeunes francophiles parmi nous fera qu’ils demanderont peut-être eux aussi des services en français dans quelques années.
Après avoir pris soin de remercier chaleureusement Madeleine Meilleur pour ses 10 ans en tant que ministre déléguée aux Affaires francophones, de saluer l’auteure Cécile Cloutier pour sa large contribution à l’essor de la littérature francophone et d’écouter le lauréat du Prix littéraire Trillium Paul Savoie lire un extrait de son recueil de poésie Bleu bémol , l’auditoire prit connaissance du nom de la lauréate 2013 du Prix littéraire Christine-Dumitriu-van-Saanen. Si Céline Forcier (La critique) et Michel Therrien (La fluidité des heures) firent partie des 3 finalistes parmi les 24 candidatures soumises, c’est à Marie-Josée Martin que revint finalement l’honneur de recevoir le prix cette année pour son roman Un jour, ils entendront mes silences.
Ce prix de 3000 $ offert par l’Association des auteurs de l’Ontario français (AAOF) en partenariat avec le Salon du livre de Toronto récompense le témoignage poignant d’une jeune enfant handicapée en prise avec l’incompréhension de certains de ses proches et la dure réalité de la vie. Plongée dans l’incapacité totale de parler et même de bouger, Corinne saisit tout d’un monde qui ne l’entend pas. Malgré tous les obstacles qui se dressent devant elle, la jeune enfant parviendra néanmoins à communiquer avec sa mère…
« L’histoire vous prend aux tripes. De plus, l’écriture est sobre et réaliste, parfois poétique », explique Yveline Baranyi, un des trois membres du jury.
Absolument ravie de se voir récompensée de nouveau après avoir reçu le Prix du livre d’Ottawa pour la même œuvre, Marie-Josée Martin parle d’un handicap physique en connaissance de cause puisqu’elle est elle-même confinée dans un fauteuil roulant suite à un neuroblastome métastatique.
Seule ombre à la soirée fut l’absence du regretté Pierre Léon, fervent supporter de la littérature franco-ontarienne et passionné de lecture qui nous a quittés en septembre dernier. Par le truchement de la technologie, Pierre livra tout de même une de ses fameuses anecdotes croustillantes dont lui seul avait le secret.
Pour reprendre justement une des expressions préférées de Pierre Léon : « Lisez, que diable! »