« Je viens d’un pays où on se fait tuer parce que l’on est gay. Je viens d’un pays où quand on est gay, les gens pensent que l’on est bon à rien. Ce prix prouve le contraire », affirme Yves Yomb. Il est des mots que l’on accueille debout. Le public s’est levé comme un seul homme. Certains avaient laissé échapper quelques larmes. Yves Yomb venait tout juste de recevoir le Prix de l’Action, du Réseau juridique canadien VIH/Sida et de Human Rights Watch.

Ce prix récompense chaque année deux organismes, l’un international et l’autre canadien, qui font une différence dans le combat pour les droits humains dans l’optique de la lutte contre le VIH. Yves Yomb a reçu son prix au nom de l’organisme camerounais Alternatives-Cameroun qu’il dirige. Le prix canadien était décerné à l’organisme Grandmothers to grandmothers, qui crée une arche de solidarité internationale entre les grands-mères du Canada et celles de pays où le Sida est endémique, notamment en Afrique. Elles ont également fait preuve d’une capacité de mobilisation exceptionnelle, en particulier lorsqu’il s’agit de rappeler au Canada ses obligations en matière de solidarité internationale.

Ce prix, que les deux organismes délivrent chaque année depuis 12 ans, est remis dans un contexte camerounais particulièrement inquiétant. Les gays y sont souvent pourchassés. En juillet dernier, Eric Lembebe, journaliste et activiste des droits de l’homme et de la défense des LGBT, a payé son engagement de sa vie. Il a été retrouvé assassiné après avoir été torturé en juillet dernier. C’est dire le courage d’Yves Yomb.

Le 1er décembre, journée mondiale consacrée à la lutte contre le VIH, est une journée particulière pour les activistes. L’occasion de penser aux 33 millions de morts du Sida depuis que la maladie est apparue, mais aussi de penser au chemin accompli. Aujourd’hui, des traitements existent, et sont de plus en plus accessibles, y compris dans les pays sensibles. Le Sida ne progresse qu’en Europe de l’Est, à cause de l’incurie et de l’incompétence de certains États, comme la Russie où 1 % de la population vit avec le VIH.

C’est peut-être tout cela qu’avaient à l’esprit les membres, bénévoles et bénéficiaires d’Action Positive VIH/Sida qui ont organisé un brunch dans un restaurant de la rue Church, pour une deuxième année. Yves Yomb est venu leur rendre visite. Il a partagé un café avec eux et échangé sur les différentes situations, au Canada et au Cameroun. Un moment chaleureux et recueilli, pour une journée spéciale.

Photo : Yves Yomb, activiste (au centre)