Le 11 mars 2011, le Japon était frappé par l’une des pires catastrophes de son histoire lorsqu’un séisme sous-marin d’une magnitude de 9 secoua le pays durant 6 minutes entières. Une heure plus tard, des vagues pouvant dépasser les 20 mètres de haut frapperont la côte nord-est de la région de Tohoku entraînant l’explosion de trois réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima. Ce sont plus de 15 000 personnes qui perdent la vie et plus d’un million de bâtiments qui sont balayés.
Dans la violence et l’immédiateté de la notion de catastrophe, l’individu, spectateur, ne voit cependant que la brutalité du moment. C’est cet empressement que le photographe Michel Huneault défie dans son projet Post-Tohoku.
L’exposition, qui s’inscrit dans le cadre du festival de photographie CONTACT et co-présentée par le Labo, regroupe le travail photographique de l’artiste ainsi que des installations vidéo offrant aux visiteurs l’expérience de l’image en mouvement à 360 degrés.
L’exposition est le témoignage du travail de Michel Huneault lors de deux voyages sur la côte pacifique du Tohoku, le premier en 2012 et le second, début 2016.
« Ce qui m’a toujours touché, c’est la normalité qui s’installe après qui est toujours sous représentée, dit-il. C’est une composante essentielle. »
L’artiste a développé un regard bien particulier sur la notion de choc post-traumatique. Ce qui l’attire? La mémoire collective et sa représentation.
« Ça m’a toujours fasciné, explique-t-il. C’est un privilège, une expérience humaine tellement forte. C’est très difficile de retourner après à des sujets plus doux. »
L’artiste photographie des paysages vides où le temps semble suspendu – tout comme sont suspendues les voitures d’un village évacué quelques heures après la catastrophe. Il photographie des maisons perdues au milieu d’un paysage où rien n’est plus. Il photographie également le temps qui passe, les reconstructions, les murs de béton qui se dressent en prévision et en défense : « Ce que j’essaye de présenter c’est l’esprit des lieux, l’esprit des gens. Ça veut dire quoi tous les matins se lever et voir cela. »
Les œuvres du photographe transportent le visiteur vers un Japon où l’intemporalité influencée par des cultures millénaires de shintoïsme et de bouddhisme règne en maître sur les lieux. Le néant devient le calme; l’attente, une attente lente.
« Quand on voyage, on absorbe rapidement les manies locales et une des grandes manies au Japon, c’est de tout organiser. Il y avait cette espèce d’obsession là dans mon travail. Comment j’organise le paysage – sans que ça soit vraiment conscient. Mais je voulais que ça ressorte », conclut Michel Huneault.
Post-Tohoku, Campbell House Museum, du 5 mai au 12 juin
Photo: Michel Huneault