L’Association des francophones de la région de York (AFRY) accueillait l’artiste pluridisciplinaire Nathalie Bertin pour un atelier sur l’art du perlage métis.
« Les Premières Nations sont le peuple souverain de ce territoire et les Européens sont des arrivants. Le peuple métis est la fusion de ces deux cultures, natif d’un Canada en plein développement », explique l’artiste afin de clarifier son énoncé.
L’art était présent sur le territoire depuis longtemps, mais le territoire de s’appelait pas encore le Canada. En fait, ce qui est étonnant du point de vue historique est que la période qui identifie l’arrivée et l’épanouissement de l’art métis est arrivée alors que le peuple n’était pas encore reconnu comme population distincte.
À ce moment-là, les Métis ne réussissaient pas à vendre leurs œuvres, car elles n’étaient pas perçues comme étant assez exotiquesaux yeux des acheteurs. Souvent, ils devaient vendre leur travail aux Premières Nations, qui les revendaient ensuite aux Européens. Pour cette raison, la majorité du perlage métis n’est pas signé, et leur histoire n’a pas été partagée avant longtemps.
De nos jours, il est évident qu’un certain style unique floral s’est développé parmi les femmes métisses qui se rassemblaient pour broder. Encore une fois, la combinaison de deux nations. Des traits géométriques et symétriques typique de la broderie autochtone et les fleurs détaillées et délicates des broderies européennes.
« Les fleurs ressemblent beaucoup à celles retrouvées en France mais elles sont organisées différemment sous une structure géométrique et linéaire rappelant l’art des Premières Nations, » précise Mme Bertin. Les Métis ont rapidement été surnommés les « Flower beadwork people ».
« Autrefois, les femmes se rassemblaient pour broder, causer et s’amuser ensemble. Il faut continuer cette histoire pour que la culture évolue avec nous », poursuit Mme Bertin.
Elle ajoute qu’au fil du temps, elle a vu son propre style se préciser et s’améliorer. « J’ai développé mon expertise de perlage en m’associant avec d’autres; c’est de l’art collectif », précise-t-elle aux participants de l’atelier.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les billes ou perles ne sont pas enfilées une à la fois mais en groupe!
Mme Bertin montre comment les perles s’attachent les unes aux autres et non pas uniquement au morceau de tissu. Elle repasse tranquillement le fil de la dernière ligne de perles dans la première perle pour qu’elles se tiennent toutes ensemble. Une belle image miroir des membres de la communauté métisse qui ont longtemps brodé ensemble afin de soutenir leur famille.
PHOTO – Nathalie Bertin