La table ronde du CRÉFO (Centre de recherche en éducation franco-ontarienne) du mardi 1er mars a réuni plusieurs personnalités académiques passionnées de sujets socioculturels et de l’avancement psychologique de l’humain.

Modérée par Luisa Veronis, la discussion s’est intéressée à l’ouvrage littéraire Blackness and La Francophonie, de Amal Madibbo, professeure agrégée au Département de justice sociale en éducation à l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario. Ses recherches se penchent sur les études noires, la francophonie, l’immigration ainsi que la race et l’antiracisme en Afrique.

« C’est un projet décolonisateur qui comprend des recherches d’une décennie », confie l’auteure du livre. Peu à peu, Dre Madibbo travaille à la reconstruction de l’identité noire, francophone et canadienne.

« Lorsqu’on déconstruit les stéréotypes, l’humain peut tenter de se reconnaître et de créer une appartenance », affirme-t-elle.

Ce sont les points de rencontre entre ses trois identités qui la fascinent. « Je n’ai pas choisi le 1er mars par hasard comme date de la conférence, mais bien parce que c’est l’intersection entre la fin du Mois de l’histoire des Noirs et le début du Mois de la Francophonie », explique-t-elle.

« Une plus grande attention au raciste noir est nécessaire au Canada, un pays qui nie souvent ce dernier », affirme Suzanne Huot, professeure adjointe à l’Université de la Colombie-Britannique et la première intervenante à propos de l’ouvrage.

Elle approuve particulièrement l’analyse intersectionnelle des enjeux de la communauté. « Le livre offre un contexte régional des vécus de francophones noirs et apporte une compréhension unique de la façon que le racisme se perpétue au Canada », partage Mme Huot.

Emmanuelle Le Pichon-Vorstman, professeure adjointe à l’Université de Toronto, IEPO et directrice au CRÉFO, admire la clarté sur les manques et besoins de la communauté des francophones noirs et immigrants.

« Mme Madibbo propose des pistes d’amélioration précises. Elle fait le pont entre un ici et un là-bas tout en dénonçant la violence du discours colonial », explique-t-elle. Mme Le Pichon-Vorstman relate l’importance de former la jeunesse, une tâche primordiale pour contrer le racisme.

« Mme Madibbo est participante de ces réalités, pas seulement observatrice », affirme Benoît Kungua, président fondateur du CERCLEAD à Ottawa. Pour lui, lire et comprendre un texte c’est aussi l’habiter.

Le Canada n’a pas encore précisé les attentes que méritent les communautés racialisées. « Il faut se demander comment bâtir ensemble l’avenir qu’on veut tout en améliorant le présent, car c’est là qu’on vit », précise Dre Madibbo.

D’ailleurs, l’autrice dédie son livre à Mathieu da Costa, considéré par les historiens comme le premier Noir à avoir visité le Canada. « Il est un peu le symbole de l’identité de la nation canadienne-française », conclut la professeure Madibbo.

PHOTO (crédit: Université de Toronto) – Dr. Amal Madibbo