Le 19 mars dernier, le Club canadien de Toronto recevait, dans le cadre de son dîner-conférence, deux invités venus démystifier la société québécoise. Jean-Marc Léger et Christian Bourque, respectivement président-fondateur et vice-président exécutif et associé chez Léger, la célèbre firme de sondage et de marketing, ont présenté le livre Le code Québec à une assistance captivée.

Cet ouvrage collige un nombre impressionnant de statistiques sur le Québec, tant sur le mode de vie de sa population que sur ses opinions à l’endroit d’une foule de sujets. Rédigé par Jean-Marc Léger, Jacques Nantel, professeur émérite à HEC Montréal, et Pierre Duhamel, directeur général de la Fondation de l’entrepreneurship, le livre se veut une mise à jour d’un célèbre ouvrage des années 1970, Les 36 cordes sensibles des Québécois.

Jacques Bouchard, un des pionniers de la publicité au Québec, y analysait dans un format efficace et divertissant les spécificités socioculturelles de cette société. Près de 40 ans plus tard, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et les moeurs, attitudes, goûts, opinions et perceptions des Québécois ont changé, dans certains cas très peu, dans d’autres du tout au tout, de sorte qu’il n’était pas superflu de revisiter le sujet en employant la même approche.

Devant le public du Club canadien, MM. Léger et Bourque ont résumé les grandes lignes de ce qui se trouve dans Le code Québec. Des 36 caractéristiques identifiés par Jacques Bouchard en 1978, il semblerait que 18 appartiennent désormais au passé. Les auteurs ont dégagé sept traits distinctifs sous lesquels peuvent se ranger, de manière générale, les multiples données décrivant les Québécois.

Ainsi, il semblerait que ceux-ci soient plus heureux que les autres. La proportion de Québécois à se décrire comme tel est en tout cas parmi les plus élevées au monde. Cet attachement au bonheur se traduit par une recherche de plaisirs, la consommation et par un milieu socio-économique plus égalitaire.

L’atteinte d’un consensus, même au prix d’une mise en veilleuse des débats, est un autre trait distinctif. La nécessité de se serrer les coudes face à l’adversité, le fait de vivre dans une société peu populeuse où l’on peut rencontrer les mêmes gens tout au long de sa carrière, l’effervescence qui s’empare facilement de l’opinion publique sur certains sujets, etc., sont autant d’attributs d’hier et d’aujourd’hui qui illustrent ce phénomène.

Le détachement figure aussi au nombre des attitudes des Québécois. L’indécision en politique ou le manque d’engagement à son endroit, la facilité avec laquelle les couples se font et se défont, le manque d’ambition, etc., dénotent leur attentisme et leur l’inertie ou, pour reprendre le titre d’un film de Denys Arcand, le confort et l’indifférence dans lesquels ils se campent en dépit, souvent, de leurs prétentions.

Le défaitisme, ou le sentiment d’être des victimes, semble transparaître de bon nombre de leurs comportements. Il se dégage de leur façon d’appréhender de la réalité qu’ils ne se voient pas comme en contrôle, davantage ballotés par les événements que capables d’influer sur eux. Dans maintes situations, en affaires par exemple, cela peut se traduire par une aversion au risque.

Le fait que le Québec soit une société distincte l’a également confiné à avoir un « esprit de clocher ». Cette expression n’est pas négative si l’on se réfère à l’usage qu’en font les auteurs du livre Le code Québec. Les identités régionales et l’attachement à certaines personnalités publiques sont des exemples de cette attitude.

Un autre aspect connu de la société québécoise est sa créativité. Le domaine des arts et spectacle est celui qui attire le plus l’attention mais le Québec tire aussi son épingle du jeu aux chapitres des sciences et des affaires comme les auteurs le rappellent en maints exemples.

Finalement, le Québec se distingue par sa fierté et celle-ci a évolué au fil des ans. Le succès en affaires et le succès personnel occupent une place grandissante parmi les facettes de ce sentiment collectif.

Le code Québec, bien que souvent tourné vers les questions de marketing et de publicité dans son angle d’analyse et les anecdotes qu’il relate, est décidément un ouvrage qui intéressera tous ceux qui veulent comprendre les rouages de la seule société majoritairement francophone en Amérique du Nord.

PHOTO : Jean-Marc Léger (à gauche) et Christian Bourque