En conclusion à sa table ronde sur le racisme qui fut présentée au public le jeudi 25 juin sur Facebook Live, le Centre francophone du Grand Toronto (CFGT) a annoncé une initiative de circonstance. La directrice générale, Florence Ngenzebuhoro, a dévoilé que son organisme mettait désormais à la disposition des jeunes victimes de racisme une ligne de soutien téléphonique. Ceux qui en ressentent le besoin peuvent contacter le Centre au 647 881-6761 ou au 647 268-2016, du lundi au vendredi entre 8 h 30 et 16 h 30, pour être mis en contact avec des intervenants sensibilisés à la réalité des communautés ethnoculturelles.

Il s’agit d’une mesure immédiate du CFGT qui, sur le long terme, entend poser d’autres gestes allant en ce sens. La table ronde avait d’ailleurs pour objectif d’émettre des recommandations au Comité pour l’égalité des chances mis en place par le premier ministre Doug Ford le 4 juin dernier. Ce nouvel organe consultatif est chargé de conseiller le gouvernement sur les défis que la jeunesse doit surmonter aux plans économique et social. Comme aider les jeunes défavorisés et marginalisés constitue une des priorités de ce comité, il est sous-entendu que les inégalités raciales seront au cœur de ses préoccupations.

Ce sont surtout Natalia Kusendova, députée de Mississauga Centre, Aissa Nauthoo, directrice des services d’aide juridique, d’emploi et d’établissement au CFGT, et son collègue Amos Yao Sani, directeur du développement organisationnel et des ressources humaines, qui se sont exprimés au cours de la rencontre. Stephen Lecce, ministre de l’Éducation et député de King-Vaughan, s’est adressé à l’assistance virtuelle au début de la rencontre tandis que Mme Ngenzebuhoro et Jean-Luc Bernard, président du CFGT, ont offert le point de vue de l’organisme hôte.

La présence de M. Lecce s’expliquait par certains incidents s’étant produits récemment dans le milieu scolaire de la région de Toronto. Le ministre a rappelé qu’il était important pour le gouvernement de résoudre les problèmes de discrimination dans les écoles et de démontrer aux jeunes Noirs qu’ils sont respectés. Stephen Lecce a aussi mis en relief la réalité particulière des Noirs de langue française qui se heurtent parfois à des obstacles encore plus grands pour se tailler une place dans la société ontarienne.

Après qu’Amos Yao Sani ait expliqué ce qui constitue, selon lui, les origines sociales et historiques du racisme, Natalia Kusendova a rappelé que le gouvernement provincial a émis, au cours des derniers jours, des directives pour corriger des situations de racisme qui s’étaient produites en milieu scolaire.

Aissa Nauthoo s’est exprimée longuement – et en connaissance de cause, considérant ses fonctions – à propos de ce que vivent les minorités raciales, en particulier les Noirs, lorsqu’ils doivent composer avec la police et le système de justice. Elle a émis quelques solutions à cet égard : amorcer une discussion publique sur le sujet, sensibiliser les juges aux réalités ethnoculturelles, effectuer un rapprochement entre les services policiers et les minorités, mieux former la police pour la préparer aux interventions sensibles, etc.

Poursuivant dans la veine des solutions à présenter au gouvernement, les panélistes ont répondu aux suggestions et commentaires des spectateurs. D’autres idées ont fait jour : mise en place d’un comité de vigilance au niveau de la police, améliorer l’éducation quant à l’histoire des Noirs, prendre en compte l’impact du racisme sur la santé, établir un commissariat ou un département au bureau de l’Ombudsman qui se consacrerait à l’antiracisme, etc.

Comme les représentants du CFGT l’ont laissé entendre, ce n’est pas la première ni la dernière initiative de l’organisme pour répondre aux préoccupations soulevées par le racisme. Considérant le climat social des dernières semaines, ce n’est pas non plus une question qui est près de sombrer dans l’oubli.

PHOTO: La table ronde, animée par Abel Maxwell, directeur des communications au CFGT, a été diffusée sur Facebook Live.