L’artiste Julien Prévieux enfreint les règles

Comment interroger la chorégraphie en corrélation avec la politique? Comment considérer la chorégraphie en dehors des demandes et des contraintes néolibérales? Voilà quelques-unes des questions que soulevait l’événement Running with Concepts: The Choreographic Edition au campus de Mississauga de l’Université de Toronto.
À la fois atelier, conférence, cours critique, expérimentation et composition, cette quatrième édition se posait comme un espace de répétition afin de tracer la chorégraphie grâce aux corps individuels et le système qui les contient en étudiant les enchevêtrements de la chorégraphie avec le capitalisme, le pouvoir, l’économie globale, la santé, la pédagogie ou encore le collectivisme.

Parmi les artistes qui se succédaient durant ces trois jours de performances, d’ateliers et de conférences, l’artiste français Julien Prévieux y présentait Patterns of Life, un projet artistique revenant sur l’histoire de la capture des mouvements.

Depuis l’enregistrement des marches pathologiques par Georges Demenÿ, jusqu’aux« renseignements fondés sur l’activité » du département de la Défense des États-Unis, Julien Prévieux se réapproprie les données scientifiques et politiques enregistrées sur le déplacement des corps. Puis, il les fait se réinterpréter par des danseurs de l’Opéra de Paris, transformant ainsi protocoles et résultats scientifiques en instructions chorégraphiques.
« J’essaye de mettre en évidence, de montrer des choses qui ne sont pas forcément visibles. L’idée n’est pas uniquement de faire un constat, il faut également essayer de réactiver ces choses. L’idée n’est pas qu’être dans l’indignation, mais aussi : qu’est-ce qu’on en fait? », fait valoir Julien Prévieux.

Une exposition à la Blackwood Gallery
Connu notamment pour ses « lettres de non-motivation », le récipiendaire du Prix Marcel Duchamp (2014) interroge les normes du travail, de l’économie et de la politique en jouant avec les codes qui les composent.
« La dimension politique de mon travail n’est pas tout à fait frontale, explique l’artiste. L’idée est de ne pas le prendre trop au sérieux. Il y a une question de jeu, d’exorcisme, comment médiocriser pour que cela devienne accessible. »

Un univers que les visiteurs de la Blackwood Gallery auront la chance de découvrir en janvier avec l’exposition Game Engines revenant sur certaines des œuvres de l’artiste. Le public retrouvera notamment la vidéo Patterns of Life ou encore une « petite anthologie de la triche » composée d’objets utilisés dans le monde du sport pour tricher ou, tout du moins, pour contourner les règles. Le thème de l’exposition : les règles sociales ou comment les enfreindre.

Game Engines, Blackwood Gallery, du 18 janvier au 5 mars