Le Mois de l’histoire des femmes est, comme chaque année, le temps des Prix du Gouverneur général en commémoration de l’affaire « Personnes ». Pour mémoire, cette dernière est le nom donné au combat de cinq Albertaines à la fin des années 1920 pour obtenir le statut de « personnes ». Elle célèbre justement son 85e anniversaire cette année et a marqué cette 35e édition de la remise des prix, qui s’est déroulée le lundi 20 octobre au Rideau Hall d’Ottawa.
Son Excellence David Johnson, gouverneur général du Canada, a présenté la cérémonie qui a récompensé cinq femmes pour leur contribution exceptionnelle à « la qualité de vie des femmes et filles au Canada ». Cette année, ce sont Louise Champoux-Paillé de Montréal, Tracy Porteous de Vancouver, Chantal Thanh Laplante de Moncton qui ont été récompensées, ainsi que deux Torontoises : Émilie Nicolas et Elizabeth Atcheson.
Mme Nicolas est bien connue au Canada pour son militantisme en faveur de l’égalité des chances, des droits, de la dignité et de l’autonomie des représentantes de la gente féminine. Titulaire d’un baccalauréat de l’Université de Montréal et officiant actuellement au Collège Massey de l’Université de Toronto en tant que doctorante en anthropologie, elle parle quatre langues. Une intellectuelle qui se consacre pour l’heure aux liens entre solidarité sociale et pratique d’une langue commune. La jeune étudiante a jusqu’ici accumulé les récompenses : bourse Vanier d’excellence universitaire, prix de leadership Harry Jerome pour l’excellence afro-canadienne, « fellowship » d’Action Canada (Programme de développement du leadership) et, cerise sur le gâteau, le prix du Gouverneur général.
« C’est un groupe d’amis qui ont décidé de mettre mon nom, dit-elle. J’étais contente, c’est très touchant et ça impressionne énormément. Mais c’est également une responsabilité, ils ont vu quelque chose en moi qui les inspirait. C’est pour cela qu’il faut que je continue à militer pour les droits des femmes. »
Émilie Nicolas s’est faite remarquer l’an dernier en contribuant à la création de l’organisme à but non lucratif Québec Inclusif, dont elle est aujourd’hui vice-présidente à l’externe, et qui promeut une laïcité « ouverte, inclusive et respectueuse du droit des minorités ». « Nous avons par exemple combattu la Charte des valeurs québécoises, ajoute-t-elle. Nous sommes attentifs à ce qui est fait au niveau du gouvernement, notamment en matière de diversité culturelle et d’immigration. Nous faisons surtout de la sensibilisation. »
À 26 ans, Mme Nicolas est déjà une ambassadrice de l’étiquette canadienne en matière de droits des femmes : « On est dans une belle position ici au Canada par rapport au reste du monde, mais ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas être vigilant », explique celle qui suit attentivement la campagne électorale et lutte contre l’intimidation visant à décourager les femmes à faire de la politique.
Une récompense de taille pour une femme vaillante, qui compte bien poursuivre son combat coûte que coûte.