Le 25 mai au théâtre de l’Alliance française de Toronto, la Société d’histoire de Toronto (SHT) reprenait sa série de conférences en présentiel. Le sujet : l’aventure des Acadiens aux îles malouines en compagnie de Bougainville.

Christian Bode, membre de la SHT, vêtu en costume d’époque et profitant de la scène et des éclairages du Théâtre Spadina, a joué le rôle de Michel de Nerville, cousin de Louis-Antoine de Bougainville et gouverneur des îles Malouines durant trois ans. Il a raconté cette histoire abracadabrante du projet d’une colonie d’Acadiens sur les îles qui appartenaient alors à l’Espagne.  

Pour se placer dans le contexte au 18e siècle, la guerre de Sept Ans (1756-1763) a fait perdre à la France une grande partie de ses possessions coloniales en Amérique du Nord au profit de la Grande-Bretagne, à la suite de la signature du traité de Paris en 1763. Le responsable de la politique étrangère de la France, Étienne François de Choiseul, entreprend alors la reconstruction de l’empire colonial français, en créant de nouvelles colonies, dans des lieux encore inoccupés par les États européens.

« Louis Antoine de Bougainville propose alors d’effectuer une expédition aux îles Malouines, connues des navigateurs et commerçants de Saint-Malo. Ce dernier propose de payer pour l’expédition. C’est alors que le 15 septembre 1763, l’expédition de Bougainville quitte Saint-Malo avec pour objectif d’établir une colonie dans les îles Malouines. L’expédition est composée de deux navires, emportant des provisions et des familles acadiennes chassées de leur pays et provisoirement installées en Bretagne à Saint-Malo », raconte Christian Bode.

L’expédition arrive alors aux îles Malouines le 31 janvier 1764. Avec stupéfaction, les nouveaux-arrivants découvrent qu’il n’y a pas d’arbres sur les îles, que de la paille, donc pas de bois pour construire. Ça commençait mal!

Le fort militaire de Port Saint-Louis est quand même érigé le 17 mars 1764. L’acte de possession est ratifié par Louis XV le 12 septembre 1764, « faisant valoir que les îles avaient été découvertes par des marins de Saint-Malo, et qu’ils avaient donné leur nom aux Malouines ».

Port Saint-Louis est fondé avec 29 colons et le 8 avril 1764, Bougainville part en France pour y chercher davantage de provisions et de nouveaux colons. Il réalise un second voyage, début 1765, transportant 130 colons. Ainsi, la population de l’archipel s’élevait à 150 colons. Bougainville reste aux Malouines entre janvier et avril 1765. Pendant cette période, il explore la côte patagonne à la recherche de bois.

Pour ceux qui ont participé à cette expédition, les Malouines représentaient une nouvelle Arcadie, une terre d’harmonie, scintillante, idyllique pour y installer une colonie. Mais les premiers défis sont apparus, une difficile traversée sur des mers forcenées, puis l’Espagne qui veut reprendre ses terres, et le spectre d’une faillite retentissante. Puis les Anglais se manifestent avec toutes leurs menaces de guerre, etc. C’était devenu trop difficile. L’aventure des Acadiens aux Malouines a duré à peine trois ans. Mais certains de leurs descendants y sont restés.

« Les renseignements que je vous ai donnés ce soir sont réels à 90 %, indique M. Bode et tirés de sources véridiques. Aujourd’hui, il y a 1820 habitants aux îles Malouines. » La SHT prend une pause de conférences pour l’été mais reviendra en septembre pour la nouvelle saison culturelle de l’Alliance française de Toronto avec une présentation de Christian Martel sur l’histoire de la radio torontoise CHOQ-FM.

Photo : Christian Bode sur la scène du théâtre Spadina de l’Alliance française