Pour une deuxième année consécutive, le congrès annuel de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario revient à seulement un clic de distance et le thème de cette rencontre annuelle virtuelle (RAV) est la vitalité franco-ontarienne.
Les participants se questionnent et partagent leurs trouvailles en vue d’assurer cette vitalité. L’accès aux services en français, l’employabilité, le bénévolat, l’immigration francophone et des collaborations et partenariats avec les programmes d’immersion sont tous des pistes qui relancent les organismes vers les priorités à tenir en compte.
Cette année, la RAV célèbre la publication de quelques ouvrages franco-ontariens historiques, les premiers de ce genre. Suzanne Kemenang, éditrice, auteure, entrepreneure et fondatrice des Éditions Terre d’Accueil publie un ouvrage intitulé Les visages de la francophone – Région de Durham. C’est un livre qui retrace 70 ans de présence francophone dans cette région et souligne l’engagement et le travail acharné d’hommes et de femmes venus d’ailleurs.
« J’avais comme mission de souligner la contribution de l’immigrant au développement de sa société d’accueil. En même temps, je voulais que les personnes qui arrivent dans la région puissent mettre un visage sur toute chose qui contribue à l’accès à la vie en français à Durham », explique-t-elle.
Selon l’auteure, il est important d’avoir une version écrite des faits pour plusieurs raisons. « Il faut pouvoir laisser des preuves tangibles de ce qui a déjà été réalisé en profitant de la sagesse de nos prédécesseurs de leur vivant et pour s’assurer que d’autres ne l’écrivent pas à notre place », précise Mme Kemenang.
C’est dans la même veine que s’incruste l’ouvrage Les porte-paroles franco-ontariens de l’historien Serge Dupuis et publié aux Éditions David. « Ça nous aide à mieux se connaître et se reconnaître au fil d’une histoire qui avance », affirme Frédéric Brisson, directeur général des Éditions David. Il aime le choix du mot porte-parole. « Ça fait référence aux personnes, c’est humain. Ce sont les gens de notre communauté, leur volonté et leur participation qui portent l’évolution et l’avancement de l’Ontario français, et ce, Serge Dupuis le fait ressortir brillamment », précise-t-il.
Le livre a été entamé en 2016 pour mettre en valeur un modèle accessible du passé et préserver la mémoire des vécus parce que, souvent, le côté humain ne se retrouve pas dans les archives d’organisations.
« Nous avons eu la chance de passer en entrevue 17 des présidents, depuis le début de l’AFO en 1910, pour parler du cheminement des Franco-Ontariens », affirme Serge Dupuis. Il dévoile qu’un des plus grands défis du projet a été de garder le livre à une longueur acceptable. « Les entrevues faisait en moyenne trois heures, en plus du matériel de recherche – c’est beaucoup de contenu », révèle-t-il du processus. Son éditeur et lui ont dû revenir à l’essentiel. « C’était un exercice nécessaire. Au fur et à mesure que nous avancions dans le projet, l’histoire se raffinait et se clarifiait », affirme-t-il.
M. Depuis s’intéresse à l’histoire « lente » et aussi aux moments de crise, comme ce fut le cas lors du Règlement XVII. « Les crises sont des accélérateurs d’histoire. Il y a certes des côtés néfastes, mais elles sont aussi un moment de ralliement, de mobilisation, de prise de conscience où on s’aligne pour faire du chemin », déclare M. Dupuis.
Selon lui, un facteur important de la vitalité de la langue et du dynamisme de la culture franco-ontarienne repose sur l’autonomie de cette communauté et la fierté de la langue. « Quand quelqu’un grandit ayant honte de sa langue, il y a beaucoup de répercussions personnelles et sociales », précise-t-il.
Carol Jolin, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario reconnaît la réussite du livre. « On connaît tous le Règlement XVII mais, avec ce livre, j’ai eu le sentiment de vivre et de voir les impacts. C’est ça la touche humaine. » Il aimerait bien en voir une traduction comme outil pédagogique pour partager avec le Canada anglais.
Bravo à l’AFO pour un autre congrès annuel réussi!
PHOTO – Suzanne Kemenang