Conteuse insatiable avec le médium du mouvement humain, Lina Cruz plonge, pour cette nouvelle création, à la rencontre des Morphs, des êtres espiègles, tisseurs de rêves, qui prendraient en charge la création du monde imaginaire dans l’inconscient de l’humain.

L’œuvre a fait sa première à l’automne dernier à Montréal et les cinq danseurs, ainsi que l’équipe technique, arrivent maintenant au Fleck Dance Theatre à Toronto.

« Dans tout mon travail, j’ai une fascination pour les rêves, la chimie du cerveau qui nous permet de rentrer dans un univers qui nous fait du bien », admet Lina Cruz, chorégraphe de l’œuvre.

Elle a voulu dévoiler ses êtres comme si elle les espionnait à travers une serrure durant leur temps de préparation, lorsque les humains sont réveillés.

« Je vois les Morphs comme les ouvriers de Morphée, toujours en train d’explorer et d’inventer en attendant d’être appelés, afin de préparer un menu de petites folies à proposer au cours des moments d’inconsciences des humains », explique-t-elle.

Souvent son processus de création s’entame sur papier et non dans le studio. « Je commence par des images d’inspirations. Je dessine un petit scénario puis je définis les personnages, leur gestuelle et leur façon de bouger », révèle l’artiste.

Mme Cruz est connue comme créatrice de personnages qui dépeignent une inquiétante étrangeté, étant toutefois toujours accompagnée d’une joie d’enfant féérique. Les cinq interprètes canadiens sont Elinor Fueter, Abe Mijnheer, Geneviève Robitaille, Alexandra Saint-Pierre et Antoine Turmine.

Alors que l’œuvre primaire c’est la danse et le mouvement humain, les costumes, les éclairages et la musique y mettent de la magie. « J’aime avoir les costumes très tôt pour pouvoir les intégrer au mouvement et avoir sa contribution à l’œuvre », précise-t-elle.

La pièce utilise différentes textures tels des tissus rigides, des grandes feuilles de papier et même des morceaux de plexiglass. « Il y a un duo qui se rapproche un peu plus dont les danseurs portent une sorte de casque de scaphandre qui modifie leur respiration. Ça nourrit la choréographie et l’interprétation, car les danseurs doivent s’ajuster à un différend flot d’oxygène », ajoute-t-elle en riant.

Le musicien Philippe Noireaut et l’éclairagiste Thomas Godefroid se joignent à l’équipe comme partie intégrale du spectacle. « Nous travaillons avec du son enregistré, le son live de Philippe et des percussions des danseurs. C’est complexe », affirme-t-elle.

Côté éclairages, il y a eu autant de réflexion. « J’ai beaucoup imaginé plusieurs moments du spectacle et ils sont devenus une réalité absolument magique grâce aux lumières », décrit-elle. Les tournées les gardes sur le qui-vive. « C’est sûr que le résultat sera différent à chaque salle. Ce sont de petites surprises qui causent d’autres petits moments, indique-t-elle. « Il y a de tout! Mystère avec des moments parfois obscurs, parfois coquins et surtout remplis d’humour. Ces êtres sont moqueurs, infatigables et aussi très tendres envers l’humain », ajoute Lina Cruz.

L’œuvre est bilingue avec des poèmes et de la musique tantôt en français, tantôt en anglais. « C’est beaucoup de plaisir, les gens sont attirés par l’esthétique du monde que nous avons créé », conclut-elle.

Le spectacle sera présenté les 31 mars et 1er avril et les billets sont en vente sur le site du Centre Harbourfront à l’adresse https://my.harbourfrontcentre.com/37787

PHOTO (courtoisie de Lina Cruz) – Morphs