Jezebel Bardot, « la » drag queen francophone du Grand Toronto se présente comme un livre ouvert pour les curieux qui désirent en apprendre davantage sur la communauté LQBTQ+ et le monde de la drag.
« J’essaie toujours de répondre du mieux possible et de présenter la drag de façon objective. On n’est pas tellement différents. Dans le fond, chacun désire pouvoir vivre pleinement qui il est », affirme Mme Bardot. Ce sont les grandes lignes de la discussion informelle qu’elle a proposée au cours de la rencontre avec de Franc Savoir la semaine dernière.
« Souvent les gens à la retraite n’ont peut-être pas autant accès à la culture populaire. Ils ne vont pas sortir ou être aussi connectés à la communauté LGBTQ », explique Mme Bardot. Elle offre donc un espace sans jugement pour jaser de la communauté et ses enjeux. « Quel est le pouls de la communauté et comment rester à l’affût des nouvelles? », demande-t-elle comme mise en situation.
Jezebel Bardot n’a pas toujours été si ouverte. Jusqu’en 2019, son monde hors drag est resté séparé et insouciant de la double vie qu’elle vivait. « Parfois, il y a une connotation négative des drag queens, associée à l’alcool et le party. C’est plus par peur personnelle que je gardais mes deux vies séparées », partage la Torontoise.
Et la peur de ne pas être pris au sérieux par ses collègues au sein d’un conseil scolaire catholique où il travaille pendant la journée. « Ce sont les jeunes qui m’ont permis de croiser mes deux mondes, s’exclame-t-elle. La FESFO a sollicité mes services à la demande des élèves qui voulaient voir de la drag en français. »
La drag queen se félicite de maintenir une personnalité publique qui fonctionne pour le grand public contrairement à plusieurs performeurs drag qui ont la langue bien pendue. « J’aime garder un équilibre. Je me garde une gêne quand même. J’ai une vie professionnelle à l’extérieur de la drag » précise-t-elle.
En fait, elle travaille beaucoup en animation de soirée ou d’activités jeunesse et pas seulement au sein des ambiances de party, car les gens apprécient son sens de la répartie.
« Pour moi, la drag, c’est aussi la santé mentale. Créer des costumes et faire rire les gens m’apportent beaucoup de bonheur. Ça fait ressortir la meilleure partie de moi-même », partage Mme Bardot.
Durant la pandémie la communauté francophone a sollicité des discussions sur la diversité et sur l’équité, ce qui lui a permis de continuer sa forme d’expression. « C’est une belle communauté francophone qui a hâte de vivre ensemble en français et qui m’a permis de continuer à faire de la drag en virtuel. Chez les jeunes, il y a certainement un appétit pour cette forme artistique », ajoute-t-elle.
Du côté anglophone, la scène de la drag est occupée. « Elle est toujours en effervescence. Cependant, avec la pandémie, beaucoup d’espaces ont fermé, le marché est donc saturé par manque d’opportunités », explique Mme Bardot.
En lien avec la Journée de la femme, Mme Bardot souligne la chance qu’elle a de vivre dans les souliers d’une femme pendant certains moments. « Jamais je ne comparerais ma réalité à celle des femmes, mais je suis un homme qui idéalise et analyse la femme. Quand je dégage une énergie féminine, je remarque que les gens me traitent différemment. Il y a beaucoup plus de touchers physiques, c’est fou », dévoile-t-elle.
Jezebel Bardot est la queen résidente à El Convento Rico la fin de semaine. « C’est un endroit très diversifié au niveau de l’âge et des genres. C’est très achalandé avec une énergie vraiment particulière, décrit-elle. Sinon le cabaret-bar chez Woody’s le dimanche soir ou même les brunchs chez Rena. Chez l’un ou l’autre, l’atmosphère vous fera sourire. »