Les élèves de l’École secondaire catholique Monseigneur-de-Charbonnel ont eu la chance d’assister à la conférence de Marguerite Elias Quddus, survivante de l’Holocauste et auteure du livre Cachée, dont la seconde édition était présentée pour l’occasion. 

Cet événement, organisé par la fondation Azrieli, permet aux élèves de comprendre la tourmente de la guerre par la voix d’un témoin de l’Histoire. Plus qu’une leçon historique, il est important que les morts ne tombent pas dans l’oubli et de tirer les leçons du passé, de l’Holocauste qui n’est « pas un accident historique, mais bien un événement programmé », rappellera Catherine Person, coordinatrice de la fondation Azrieli.

S’avance alors vers le micro, une petite dame aux yeux pétillants. Voilà Marguerite Quddus. Aujourd’hui résidente canadienne depuis presque 50 ans, elle n’en a pas oublié pour autant la petite fille de l’immeuble du 99, rue de Charonne à Paris. Son histoire, elle la raconte comme elle l’a vécue à l’époque : avec ses yeux et son langage d’enfant. 

Comment la petite fille choyée a assisté à l’arrestation de son papa, un jour de décembre 1940, sans avoir le temps de lui dire au revoir. Un père qui décédera à Auschwitz, qu’elle ne reverra jamais et qui restera la plus grande cicatrice sur son cœur. 

Comment en mai 1942, l’étoile « jaune pipi » fait son apparition, comment elle la trouve « dégoûtante ». Comment durant trois ans, elle et sa sœur vécurent cachées dans différentes familles. Et ce secret qu’il fallait garder, tout comme les souvenirs « certaine que ma judaïté était une catastrophe ». 

À la fin de la guerre, leur mère, résistante, revient les chercher. « Assez satisfaite à l’idée de retrouver papa », elle part regagner l’immeuble de son enfance. Mais le méchant concierge et le salaud de propriétaire l’ont laissé dépouillé et en lambeaux. Il faut alors réapprendre à vivre, travailler, trouver un sens à sa vie en sorte et surtout, se consoler d’être encore là, en vie. 

La vie, elle la vivra. Un mariage et un départ pour le Canada, mais une vie peut-être incomplète où sa judaïté reste cachée. Elle ne trouve le courage d’expliquer ses origines juives à son fils qu’à ses neuf ans. C’est pourtant ce dernier qui la poussera à se replonger dans son passé pour l’accepter. À écrire ce livre qui sera sa thérapie.

La conférence finit sur un poème de l’écrivaine pour son père. L’émotion est dense dans l’assemblée alors que l’auditrice martèle « la maudite guerre » et « le pénible silence ». Un moment intense qui interpelle les élèves, ces derniers la questionnant de leurs pensées brutes de sens. Un témoignage qui nous dit à tous de ne pas laisser se produire l’injustice et de faire entendre sa voix… Une dernière question de l’assemblée sur le père disparu attrape Marguerite au corps. « Mon papa chéri, qui n’a pas vieilli… Car la vieille c’est moi! »

Photo: Marguerite Elias Quddus (au lutrin) et Catherine Person