Dans le monde de la danse, Montréal compte comme l’une des cinq ou six destinations favorites, selon le chorégraphe Daniel Léveillé, qui a lui-même fortement contribué à la renommée de la ville sur ce point. Fort d’une expérience de 40 ans, d’une fibre artistique acclamée dans le monde entier et d’une ambition assumée, M. Léveillé a mis sur pied la compagnie Daniel Léveillé Danse avec un succès certain. Il présente à Toronto son dernier spectacle Solitudes Solo.

« Je suis essentiellement chorégraphe, explique-t-il, même si j’ai fait de la danse à mes débuts. La particularité de cette pièce, c’est que je me suis retrouvé à faire un choix, ce pour quoi les gens me reconnaissent maintenant. La structure de l’œuvre est restée telle quelle, mais dans mes pièces précédentes mes danseurs étaient nus. Aujourd’hui, ils sont peu vêtus, en sous-vêtements. Je ressens le besoin de voir et de montrer les corps. »

Centré sur les états émotionnels de la condition humaine, Solitudes Solo se veut un miroir de l’être : « Essentiellement, la danse ne peut pas, elle n’est pas précise, la danse ne nomme pas, ajoute le chorégraphe. Ce qui est présenté sur la scène ce sont des êtres humains. C’est une possibilité de voir la beauté, à quel point nous sommes des êtres complexes, faits de forces et de faiblesses. Tout ce qui relève de la perfection m’énerve, je trouve que c’est du fascisme. »

Les points forts de ce spectacle sont nombreux, notamment l’authenticité affichée par M. Léveillé : « La rigueur de la force utilisée, dit-il. Ce n’est pas nécessairement de la belle chorégraphie, mais le spectateur est fasciné. » Récipiendaire d’un Prix Dora en 2012 pour Amour, Acide et Noix, il admet que ce qui le définit en tant qu’artiste a évolué : « Le style a changé inévitablement, confirme-t-il. Ça fait 40 ans que je fais de la chorégraphie. Recevoir le Prix Dora, c’est évidemment un immense plaisir, donc wow. » Un autre paramètre est, toujours selon lui, à relever : « On lit dans la presse que les danseurs de Léveillé sont extras, il y a un véritable don de soi, sans fausse pudeur. »

Au sommet de son art, Daniel Léveillé revient sur sa carrière : « Sans l’avoir vraiment prévu, c’est devenu ma vie. J’ai eu la chance, avec quelques autres personnes de ma génération à Montréal, de créer un milieu qui est devenu vraiment reconnu à l’international. »

Quant aux projets, ils sont simples, à première vue : « Mon prochain projet, c’est ma prochaine chorégraphie, conclut-il. J’ai peu de choses de prévues en amont. La création, pour moi, se passe au moment des répétitions, avec les danseurs. »

Le spectacle Solitudes Solo sera présenté au Centre Harbourfront les 23 et 24 octobre à 20 h.

 

Photo:  L’exigeante danse de Daniel Léveillé interprétée par Emmanuel Proulx