Tout juste avant le début de la pandémie, David Danzon, directeur artistique de CORPUS, tombe par hasard sur une sorte de grosse bulle en plastique translucide. Normalement destinée aux amateurs de camping à la belle étoile, ce dôme pique sa curiosité. Il y voit son prochain décor : un espace privé, pourtant ouvert à la vue de tous.
« Le point de départ du processus de création, ce n’est parfois pas grand-chose. Un lieu, un accessoire, une musique. Souvent la forme se précise avant le contenu. C’est donc plus abstrait au début et, peu à peu, le contenu se révèle », affirme M. Danzon en entrevue.
Il est le co-fondateur de CORPUS avec Sylvie Bouchard, danseuse chorégraphe. La compagnie fêtera justement ses 25 ans l’année prochaine; ça en fait des processus de création!
CORPUS est reconnue pour ses créations extérieures qui oscillent entre le monde de la danse, du jeu, d’un spectacle de rue, du théâtre pour enfant. « Nous faisons beaucoup de tournées, de festivals et autre et les gens ont de la difficulté à nous placer dans une discipline précise et c’est très bien comme ça! », déclare-t-il avec élan. Le directeur artistique se réjouit de pouvoir offrir quelque chose d’un peu différent au sein du monde théâtral.
Il trouvait son idée de bulle pas mal avant la pandémie, mais après que le concept de « bulles sociales » soit arrivé dans le vocabulaire mondial, il en pensait une image un peu trop évidente.
« J’ai failli abandonner l’idée de peur du manque d’originalité. Elle ne me paraissait plus très intéressante, mais en fait, les thèmes qui en sont sortis sont universels et existaient bien avant la COVID aussi, explique-t-il. Le besoin de contact humain, quoique pas toujours évident, est partout depuis toujours. »
La bulle est le bébé du confinement de M. Danzon. « Je suis parti en France quelques mois avant la COVID et je me suis retrouvé en quelque sorte coincé en France en campagne pendant deux ans pour de multiples raisons mais ce n’était quand même pas trop pire », s’exclame-t-il, soulagé.
Pendant ce temps s’est joint au processus de création Carolin Lindner, co-créatrice de l’œuvre. Puis, tout à coup, l’idée d’un personnage seul dans sa bulle, représentatif d’une sorte de distanciation s’est imposée au duo.
« C’est aussi un défi que je me suis lancé, je n’ai jamais fait de one man show. Avec beaucoup d’improvisation, l’emblématique Pierrot est né. Ce personnage qui traverse les époques incarne parfaitement solitude douce et rêverie flottante. »
Après, M. Danzon raconte que c’était beaucoup de bricolage. « Avec mon équipe à Toronto, nous avons construit les éclairages, les costumes, les accessoires, seulement demandant de l’aide à certains professionnels pour peaufiner les choses du côté technique », précise-t-il.
« J’apprécie beaucoup le théâtre qui n’est pas en salle, explique-t-il. On a affaire à un public éphémère pas conditionné; des gens qui n’ont pas nécessairement l’habitude du théâtre et qui n’ont aucune attente. » Les gens pourront tomber dessus par hasard. Il confirme qu’il y a donc toutes sortes d’interactions avec le public.
Pour La bulle, les gens auront le choix du parcours qu’ils désirent suivre. Des chaises seront installées pour apprécier une seule perspective du spectacle. Ou s’ils veulent se déplacer, ils pourront explorer d’autres perspectives autour de la bulle. À la fin de la journée, les membres du public devraient en tirer quelque chose de différent. Avec un peu d’espoir, c’est une chaleur humaine de nouveaux liens tissés et de communications bienfaitrices.
La bulle est pour un public de tout âge, enfants et adultes sont les bienvenus. Le spectacle, qui est produit en partenariat avec le Théâtre français de Toronto (TfT) et Jamii sera présenté au Berkeley Castle Courtyard du 31 août au 5 septembre. Les billets sont gratuits et les réservations sont disponibles sur le site du TfT.
(Crédit photo: TfT)