Au menu de la programmation francophone de la Bibliothèque publique de Toronto figurait, le mardi 15 septembre, l’atelier-conférence de l’auteur Soufiane Chakkouche. En effet, contribuer au Métropolitain ne constitue pas la première expérience de rédaction pour cet ingénieur de formation qui, un jour, a décidé de répondre à une envie que le taraudait depuis longtemps : vivre de l’écriture.
M. Chakkouche a fait du journalisme son métier mais, comme toute personne qui aime lire et écrire, il a aussi voulu s’essayer à écrire des romans. Dans ce domaine, il a beaucoup d’appelés mais peu d’élus et, heureusement pour lui, son talent lui a valu de faire partie de ces derniers. Deux de ses romans ont jusqu’à présent été publiés, L’Inspecteur Dalil à Casablanca et L’Inspecteur Dalil à Paris, en plus d’une nouvelle, Le Troisième œil, qui avait, à l’époque, lancé sa carrière.
C’est également dans cette nouvelle qu’apparaissait pour la première fois son personnage emblématique, l’inspecteur Dalil. Soufiane Chakkouche, sans s’y limiter, est un auteur de roman policier, un genre parfois désigné sous le nom de « polar » et qui, autrefois tenu en piètre estime par le milieu littéraire, est aujourd’hui le genre le plus lu au monde.
M. Chakkouche a livré ses trucs et secrets à l’occasion de cette présentation d’une heure qui avait essentiellement pour objectif d’exposer au public la démarche qu’il emploie pour fignoler ses histoires.
« Il n’y a pas de recette magique », dira d’emblée l’écrivain à l’intention de ceux qui voudraient s’initier à l’écriture, un art qu’il croit fermement à la portée de tous mais qui exige beaucoup de travail.
« Je dis parfois que l’auteur est un voleur de bouts de vie, commente M. Chakkouche. L’imagination se base sur le réel. » De son propre aveu, c’est la rue qui l’inspire. Le désordre urbain, riche en détails, fournit abondance de matière à la création de personnages et de mises en scène.
Cela et des visites effectuées sur place. Soufiane Chakkouche a eu l’occasion de se promener dans la plupart des lieux décrits dans ses romans, ce qui ne constitue pourtant qu’une petite fraction de ce que l’écriture nécessite en termes de labeur. Étonnamment, il estime d’ailleurs que la rédaction ne forme que 20 % des efforts nécessaires à la création d’un roman, le reste, 80 %, étant un travail de recherche, de documentation et de réflexion imaginative. « C’est épuisant mais on le fait avec plaisir », affirme l’auteur.
Sur le plan technique, il a expliqué à son auditoire qu’il fixe d’abord un début et une conclusion à une histoire pour ensuite travailler sur ce qui se passe entre ces deux extrémités, en rythmant le récit par des hauts et des bas en termes d’intensité dans le développement. M. Chakkouche rédige également, pour s’aider, des fiches descriptives de ses personnages et un axe chronologique sur lequel il place les événements.
Il essaie aussi, autant que possible, d’écrire le matin, alors que l’esprit est frais, dispos et pas encore obstrué par l’agitation de la journée. Une approche que plusieurs comprendront…
Qui plus est, comme nombre d’auteurs, Soufiane Chakkouche, se munit toujours d’un calepin, afin d’y consigner les idées qui pourraient lui venir sans crier gare ou prendre note de tout ce qu’il juge intéressant et prometteur. « Il faut avoir un esprit curieux, voir fouineur », estime l’auteur.
Bien connaître le profil culturel et social du public est aussi primordial. Après tout, ce n’est pas pour une poignée de critiques littéraires qu’un romancier s’échine sur son œuvre. « L’essentiel, c’est que les lecteurs aiment et passent un bon moment en vous lisant », considère Soufiane Chakkouche.
Le conférencier invité par la Bibliothèque publique de Toronto a aussi fait savoir à l’auditoire qu’un autre de ses romans sera publié en janvier prochain. Intitulé Zahra, il s’agit cette fois d’un drame social. Quant au genre policier, il ne l’abandonne pas et travaille d’ailleurs au troisième volet des enquêtes de l’inspecteur Dalil dont l’intrigue se déroulera cette fois à Beyrouth.
La présentation de Soufiane Chakkouche fut également l’occasion pour lui de révéler qu’il rédige présentement un roman qui a l’Ontario pour toile de fond. Voilà qui intéressera plusieurs lecteurs qui, après que M. Chakkouche les ait faits voyager çà et là dans le monde avec ses récits, seront curieux de savoir comment leur coin de pays l’inspirera.
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