Le Salon du livre de Toronto effectuait un retour en présentiel dans un nouveau décor à l’Université de l’Ontario français (UOF) le 17 mars pour la cérémonie d’ouverture de sa 29e édition. Cette soirée était animée par Patrick Bizindavyi de Radio-Canada.

Et comme la tradition le veut lors de ce cocktail annuel, le directeur général de l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français (AAOF), Yves Turbide a dévoilé le nom de la personne gagnante du Prix Alain-Thomas qui récompense l’excellence littéraire en Ontario français. Il est doté d’une bourse de 2000 $ offerte conjointement par l’AAOF et le Salon du livre de Toronto.

Le Salon du livre de Toronto avait choisi parmi 22 candidatures trois œuvres finalistes en 2021, soit Zahra de Soufiane Chakkouche (roman), Lettre à Tahar Ben Jelloun de Janine Messadié (récit épistolaire) et Le secret de Paloma de Michèle Laframboise (roman).

Et les juges ont finalement opté pour le récit de Janine Messadié. « La narratrice du récit épistolaire Lettre à Tahar Ben Jelloun adresse une lettre à l’écrivain franco-marocain pour lui parler de son livre Cette aveuglante absence de lumière. Avec poésie, intensité et une sincérité que seul le désespoir devant la dérive du monde peut engendrer, Janine Messadié mène l’acte d’écrire au-delà du discours vindicatif, au-delà du positionnement politique, au-delà de tout… Sa lettre nous rappelle les mots de Tahar Ben Jelloun : « La liberté n’est rien si elle ne respire pas dans le corps et l’esprit de l’être humain, sans distinction ethnique, religieuse ou géographique ». Une lettre bouleversante, courageuse, un cri du cœur pour la justice et la liberté », explique le président du Salon du livre, Valéry Vlad.

Plusieurs invités et commanditaires ont pris la parole durant cette première soirée dont le recteur et vice-chancelier de l’UOF, Pierre Ouellette, Daniel Bonin du Bureau du Québec à Toronto, l’auteure dramatique et traductrice théâtrale Mishka Lavigne, l’autrice-compositrice-interprète métisse Mimi O’Bonsawin qui a interprété trois de ces chansons, et la présidente de la Collection de livres rares de la Fédération nationale des Ukrainiens du Canada, et présidente d’honneur de cette édition du Salon du livre de Toronto, Anastasia Baczynskyi.

Cette dernière a raconté comment elle a sauvé de la détérioration des milliers de livres ukrainiens anciens dont 4000 étaient des livres très rares. La Fédération nationale ukrainienne du Canada a été fondée en 1932 et a pris le leadership dans l’éducation et la promotion de la culture ukrainienne à travers le pays. Au fil des années, chaque branche de la Fédération composée de bénévoles a amassé des photos, une variété de livres, des manuscrits et des ouvrages biographiques. Ces trésors littéraires sont plus précieux que jamais aujourd’hui avec la guerre qui frappe l’Ukraine, ce pays qui doit encore se battre pour avoir le droit d’exister.   

« Je suis très touchée par le soutien du Salon du livre et par l’intérêt pour notre collection de livres anciens ukrainiens. C’est un grand honneur pour moi d’être une ambassadrice du Salon et de me retrouver parmi des bibliophiles qui défendent la littérature et la culture de l’imprimé. »

Cette dernière a eu droit à une ovation monstre de l’auditoire après son discours. L’Ukraine était bien en vue sur le site avec, dans le couloir qui mène à l’agora de l’UOF, une exposition de quelques-uns des livres rares sauvés de la destruction par Anastasia Baczynskyi et placée à côté d’un drapeau ukrainien. « La Fédération nationale des Ukrainiens du Canada et le Salon du livre de Toronto unissent leurs forces en solidarité avec les Ukrainiens, une association d’une importance capitale », insistait Valéry Vlad. Des rubans-épinglettes jaune et bleu étaient d’ailleurs en vente au Salon au coût de 5 $ pour amasser des fonds pour les réfugiés ukrainiens.    

PHOTO – C’est une Janine Messadié très émue qui a reçu le Prix Alain-Thomas au Salon du livre de Toronto des mains de Paul Savoie, Yves Turbide et Valéry Vlad.