Mickey Djuric

Google a indiqué, le jeudi 29 juin, qu’il supprimerait les liens vers les nouvelles canadiennes de ses produits en raison de l’adoption d’une nouvelle loi du gouvernement libéral qui force les géants du Web à indemniser les médias pour l’utilisation de leur contenu lorsqu’il est partagé ou réutilisé en ligne.

En réponse, le géant de la technologie a annoncé qu’il supprimerait les liens vers les actualités canadiennes de Google News – un service d’agrégation personnalisé, disponible par l’entremise du Web ou d’une application, qui met en évidence les actualités locales – et de Google Discover, une fonctionnalité pour téléphone mobile qui aide les gens à trouver du contenu en ligne.

Seules les nouvelles canadiennes seront bloquées, de sorte que les utilisateurs canadiens pourront toujours voir le contenu de Fox News ou de la BBC, par exemple.

La société de technologie a en outre annoncé qu’elle mettrait fin à Vitrine Google Actualités au Canada, un programme de licence pour les actualités de plus de 150 éditeurs locaux. Ces offres existantes ne seront pas affectées tant que la société ne mettra pas fin à Vitrine Google Actualités.

Google a indiqué avoir informé le gouvernement libéral de sa décision. Il n’a pas dit exactement à quel moment il supprimerait les nouvelles, mais cela se produira avant l’entrée en vigueur de la loi adoptée il y a deux semaines, qui devrait survenir d’ici la fin de l’année.

Meta a également annoncé qu’il supprimerait les informations de ses plateformes de médias sociaux Facebook et Instagram avant l’entrée en vigueur de la loi. Il a également mis fin aux accords existants avec les éditeurs locaux.

Meta exécute déjà un test pour bloquer les nouvelles pour un maximum de 5 % de ses utilisateurs canadiens. Google a effectué un test similaire plus tôt cette année.

Kent Walker, président des affaires internationales de Google et de sa société mère, Alphabet, s’est dit « déçu d’en arriver là », mais que la législation restait « inapplicable ».

Dans un article de blogue publié le 29 juin sur le site Web de Google, M. Walker a souligné que la nouvelle loi créait un prix sur les liens, entraînant une responsabilité financière non plafonnée « simplement pour avoir facilité l’accès des Canadiens aux nouvelles des éditeurs canadiens ».

« Nous ne prenons pas cette décision ni ses conséquences à la légère et nous pensons qu’il est important de faire preuve de transparence à l’égard des éditeurs canadiens et de nos utilisateurs le plus tôt possible », a écrit M. Walker.

La Loi sur les nouvelles en ligne oblige les deux sociétés à conclure des accords avec les éditeurs d’actualités pour les payer pour le contenu d’actualités qui apparaît sur leurs sites si cela les aide à générer de l’argent.

Google cherchait à obtenir des assurances sur le coût que cela pourrait représenter pour lui et sur le déroulement du processus de négociation. Ces détails deviendront probablement clairs une fois le processus réglementaire du projet de loi terminé, auquel Google a déclaré qu’il participerait.

La semaine dernière, le ministre canadien du Patrimoine, Pablo Rodriguez, a indiqué à La Presse canadienne qu’il espérait que le gouvernement parvienne à une résolution positive avec les deux sociétés pour les empêcher de supprimer des informations.

M. Rodriguez a également indiqué que son gouvernement continuerait à soutenir les salles de rédaction si Google et Meta retiraient l’information de leurs plateformes, sans toutefois préciser exactement comment cela se ferait.

La Loi sur les nouvelles en ligne vise à créer une nouvelle surveillance gouvernementale des géants du numérique qui dominent le marché de la publicité en ligne.

Le gouvernement libéral considère la domination de Meta et de Google sur internet, et leur décision de supprimer les nouvelles, comme une menace pour la démocratie canadienne à un moment où l’industrie de l’information continue de faire face à des coupes en raison de la baisse des revenus publicitaires.

Depuis 2008, près de 500 salles de rédaction ont fermé à travers le pays, a souligné M. Rodriguez.

Source : La Presse canadienne

Photo: Le ministre Pablo Rodriguez (à droite) discutait récemment de son projet de Loi C18 avec les membres d’un média issu des communautés culturelles de Calgary.