Après son passage à Toronto pour son livre sur la catastrophe du lac Mégantic, Michel Huneault est de retour pour une exposition photos intitulée « Intersection ».
Photographe engagé, il a couvert de nombreux évènements tels les flux de migration en Europe. L’idée de ce projet lui est venue le jour de la fusillade à Québec.
« J’ai été la couvrir. Cela m’a beaucoup bouleversé. Je pense qu’il y a un grand malaise interculturel au Québec face à l’Islam. De plus, à ce moment-là, les médias ont commencé à couvrir l’arrivée des migrants à Roxham Road. En ce moment, on commence à amalgamer les demandeurs d’asile avec l’intégration », indique-t-il.
Sur une période de six mois entre janvier et juillet 2017, il a eu l’occasion d’aller à 16 reprises à « Roxham Road », la frontière entre le Québec et les États-Unis pour prendre des photographies des migrants et de la police canadienne.
« Arrêtez. Si vous traversez à cet endroit, vous entrez au Canada irrégulièrement et nous serons obligés de vous arrêter », entend-on sur la bande sonore qui accompagne l’exposition. Ces mots prononcés par les policiers à chaque traversée sont la dure réalité. En traversant ainsi la frontière, les migrants savent qu’ils se feront arrêter. Cependant, c’est pour eux le seul moyen de demander l’asile au Canada. Au cours de ce projet, Michel Huneault a été témoin de 180 arrestations, qu’il a photographiées.
Dans cette exposition, le visiteur a l’occasion d’écouter une bande sonore de 10 minutes qui décrit une arrestation de migrants et de voir 16 clichés. On ne voit pas les visages qui ont été cachés par Michel Huneault, par respect pour eux. Il a utilisé une technique bien particulière pour le faire. Les corps sont camouflés par des amas de vêtements. On ne distingue donc que les silhouettes des migrants.
« Dans le sud de la Californie, il y a des affiches sous forme de silhouettes – Attention traverse de migrants – et l’idée est venue de là. Je cherchais une stratégie pour protéger l’identité des gens que je photographiais », raconte M. Huneault.
Une exposition très actuelle qui ne laisse pas indifférente et qui questionne. « C’est historique. C’est fascinant. Ça arrive près de chez moi », glisse le photographe. Ces mots résument à la perfection l’exposition présentée à la salle 124 de la galerie Circuit située au 401, rue Richmon Oust jusqu’au 30 septembre.