Le mercredi 20 octobre, le Club Richelieu et la Société d’histoire de Toronto avaient rendez-vous pour une présentation sur l’art public dans la Ville reine. C’est à Rolande Smith, une conférencière expérimentée, qu’est revenue la plaisante responsabilité de procéder à ce tour d’horizon de ce que des générations d’artistes ont légué à la capitale ontarienne.
Par « art public », Mme Smith entendait les oeuvres qui ne se trouvent pas dans les musées et les galeries et qui sont visibles des passants. D’ailleurs, le premier exemple présenté s’inspirait de ceux qui arpentent chaque jour les rues de Toronto : sur un édifice appartenant à Rogers et situé au 333 Bloor Est, des silhouettes illuminées sur un écran reproduisent le va-et-vient typique d’une rue du centre-ville.
Rolande Smith a peu après entraîné son public aux origines de cette envie d’enjoliver les places publiques pour toutes sortes de raisons. « À Toronto, le premier monument d’art public date de 1870. Il s’agissait d’honorer les soldats décédés lors des escarmouches avec les Fenians », a relaté la conférencière, précisant qu’il se trouve sur le campus de l’Université de Toronto.
Sans surprise, les guerres ont inspiré un grand nombre de monuments. Le plus récent date de 2006 et a été installé à proximité de l’Assemblée législative.
D’ailleurs, en ce lieu très solennel que sont un parlement et ses environs, il va de soi que plusieurs statues y sont bien en vue. De la reine Victoria à certains corps de métiers tels les policiers et les pompiers, les gouvernements ont voulu rendre hommage à un large éventail de personnalités. C’est aussi là que se trouve le monument consacré aux Franco-Ontariens et inauguré en 2018.
Ville internationale, Toronto a aussi son lot d’oeuvres qui s’inspirent d’événements et de personnages des quatre coins du monde. Ainsi, la Bicyclette brisée de Gu Xiu Hei date de 1992 et rappelle le massacre de la Place Tiananmen survenu trois ans plus tôt.
Simon Bolivar, Sun Yat-sen, Winston Churchill, etc., ont aussi droit à leur imposant monument.
Alexandre le Grand en a même deux, l’un payé par une association grecque, l’autre par une association macédonienne, illustrant en cela la place grandissante des communautés ethnoculturelles dans ce genre d’initiative et des controverses que cela peut engendrer.
Musiciens, sportifs et scientifiques ont également été immortalisés à Toronto. Des classes sociales aussi, tels les immigrants, les gens d’affaires et les itinérants. Cela dit, ce ne sont pas que des humains qui se trouvent ainsi figés pour l’éternité dans la pierre ou le bronze.
Renard, cerf, agneau, lion, chien, lapin, etc. : c’est une véritable ménagerie que fréquentent les Torontois. Rolande Smith a, entre autres, donné en exemple ces vaches couchées sur l’herbe sculptées par Joe Fafard, célèbre artiste fransaskois.
Parfois, les passants doivent exercer leur imagination. C’est ce que demande l’art abstrait, lui aussi très présent. L’Archer, oeuvre d’Henry Moore que l’on peut voir au Nathan Phillips Square, date de 1966 et constitue la première sculpture de ce genre à avoir été installée dans un lieu public à Toronto. Les débats qui ont accompagné son dévoilement à l’époque ont tôt fait place à l’acceptation et les oeuvres de ce genre se sont succédé, les rondeurs sinueuses de Sorel Etrog et les angles droits de Kosso Eloul donnant désormais matière à réfléchir.
Bien des choses pourraient encore être dites de ces innombrables monuments que l’on trouve partout à Toronto. Pour les apprécier, rien de mieux qu’une marche au grand air, ce sur quoi se sont entendus les participants.
PHOTO (crédit: Henry Moore Foundation) – Archer d’Henry Moore