On se serait cru en pleine discussion avec Samuel de Champlain, le mercredi 21 janvier, à l’Alliance française avec le commissaire aux services en français de l’Ontario, François Boileau, invité de la Société d’histoire pour la « Discussion avec Champlain sur l’Ontario d’aujourd’hui ».
François Boileau est revenu sur l’histoire qui lie Champlain aux Premières Nations, mais aussi sur l’Ontario d’aujourd’hui, la francophonie à l’international et les Franco-Ontariens. Chaque fois que le commissaire voulait exprimer l’opinion de Champlain, il enfilait son grand chapeau d’explorateur. M. Boileau a fait voyager les participants dans le temps, en revisitant l’histoire de Samuel de Champlain et de l’Ontario par le biais des œuvres de Joseph Boyden (Dans le grand cercle du monde), Thomas King (L’indien malcommode), Jean-Louis Roy (Chers Voisins), et David Hackett Fischer (Le Rêve de Champlain).
Samuel de Champlain a été explorateur, cartographe, marin, espion du roi, navigateur hors pair, chef de guerre et fondateur des villes de Québec et Trois-Rivières. Il a formé une douzaine « d’interprètes », qui étaient navigateurs, explorateurs, cartographes et anthropologues, et qui allèrent à la rencontre des Premières Nations afin de créer des alliances entre les peuples.
Samuel de Champlain, a agi comme médiateur. Il voyait les Premières Nations comme des partenaires. L’explorateur français trouvait que ces peuples avaient une âme, il les comprenait car il venait de l’autre monde, là où les massacres et guerres de religions ont eu lieu et a été témoin des esclaves venus d’Afrique. Champlain a tenté d’apporter la chrétienté aux Premières Nations et de changer leur système de lois car, à l’époque, elles traitaient un méfait par un méfait, alors qu’en France il existait un système de justice.
« Si Champlain était parmi nous aujourd’hui, il serait surpris de voir qu’une grande partie du Canada a été gagnée par les Anglais, que l’Amérique et la France sont des républiques, (…) et que l’on peut naviguer dans l’océan Arctique », ironise le commissaire.
François Boileau constate que les langues autochtones sont en danger et que les écoles résidentielles en sont sûrement responsables, car elles forçaient les enfants issus de villages autochtones à ne pas parler leur langue maternelle à l’école. Aujourd’hui, quelques arrêts orientent le droit des populations autochtones et Me Boileau dénonce l’absence de commissaire provincial aux affaires autochtones, car en cela « Champlain aurait été déçu ».
Le commissaire aux services en français a ensuite décortiqué l’identité des francophones de la province et a souligné la richesse du multiculturalisme ontarien. « Champlain serait heureux de constater ce dénouement inattendu, dit-il. Saviez-vous que parmi les 5 % de francophones de l’Ontario, 60 % viennent d’ailleurs? »
Un voyage dans le temps de l’époque de Champlain à nos jours, sur le monde de la francophonie en Ontario, son passé, son avenir et, surtout, ce qu’en aurait pensé l’explorateur français. La prochaine conférence de la Société d’histoire se tiendra le 25 février sur « le patrimoine d’une ville qui se transforme », en présence de l’architecte Annie Pelletier.
Photo : François Boileau revêt son chapeau pour incarner Champlain.