L’École des affaires publiques et internationales du Collège universitaire Glendon organisait, les 19 et 20 avril derniers, une conférence internationale sur la diversité culturelle et la démocratie libérale.

Comment les institutions démocratiques libérales doivent-elles répondre à la diversité culturelle? Telle était la question soulevée durant ces deux journées de discussions et de débats. Une question importante en vue de la complexité de la diversité culturelle, des exigences en hausse des minorités culturelles en termes de reconnaissance et de relations plus tendues entre les majorités et les minorités culturelles.

Plus de 30 présentations réalisées par des chercheurs d’Amérique du Nord et d’Europe étaient présentées à l’assemblée; théorisation de la diversité culturelle, intérêt national, sélection de migrants, accommodation de la diversité religieuse, théorie de la démocratie libérale, intégration, autant de sujets traités au campus Glendon de l’Université York. 

Parmi les intervenants les plus attendus, on comptait la sociologue Danielle Juteau de l’Université de Montréal, David Miller, philosophe politique à l’Université d’Oxford au Royaume-Uni, mais également Naomi Alboim de l’Université Queen, consultante en politiques publiques et ancienne sous-ministre ou encore Alan Patten de l’Université de Princeton aux États-Unis, également philosophe politique.

Naomi Alboim présentait sur ce qu’elle appelait « le modèle canadien » en termes de pratique et de règles d’intégration des immigrants. La conférencière revenait sur les différents points stratégiques de l’histoire politique du Canada en termes d’immigration depuis sa création, en passant par les différentes vagues d’immigration jusqu’à l’instauration du système à points en 1967.

« Les Canadiens reconnaissent le Canada comme un pays d’immigration et, en règle générale, reconnaissent les bénéfices de l’immigration », observait Naomi Alboim.

Un modèle canadien qui semble fonctionner dans son ensemble et qui bénéficie de deux points cruciaux, concluait la conférencière. Premièrement, une immigration provenant de toutes les régions du monde faisant une vraie différence et enfin une géographie avantageuse. Avec trois océans et les États-Unis entourant le Canada, le pays bénéficie d’un large champ de manœuvre en termes de choix d’immigration.

Le panel sur le soutien aux immigrants concluait les journées de conférences et revenait notamment sur la contre-radicalisation et les enjeux de prise en charge hospitalière.

Miloud Chennoufi du campus Glendon revenait sur les causes menant à la radicalisation telles que la politisation de l’identité ou encore la sécurisation en prenant le cas de l’identité musulmane en France dont la culture populaire renvoie systématiquement une image négative à sa communauté. 

Camille Foubert de l’École Normale Supérieure en France revenait sur l’incompréhension qui existe entre professionnels et usagers du domaine de la santé et, plus particulièrement, le décalage entre les compétences que les professionnels de la santé estiment devoir acquérir et ce qu’attendent les usagers des minorités culturelles. 

Alors que les usagers attendent une conscience des facteurs sociaux liés à l’immigration ou encore d’une habilité en matière de communication, les professionnels de la santé souhaitent acquérir des notions culturelles en termes de relation homme/femme, du religieux ou encore du deuil. « Il est question de l’ordre du savoir-faire alors que les usagers attendent du savoir-être », expliquait Camille Foubert.

 

Photo:  De gauche à droite : Gertrude Mianda (Université York), Ariane Le Moing (Université de Poitiers), Camille Foubert (École des Hautes Études en Sciences Sociales – École Normale Supérieure) et Miloud Chennoufi (Université York)