La Bibliothèque publique de Toronto a introduit, lors d’une récente session virtuelle, le livre Défis et richesses des classes multilingues : construire des ponts entre les cultures. Ses coauteures, Nathalie Auger et Emmanuelle Le Pichon-Vorstman, explorent des pistes vers une plus grande santé au sein du multiculturalisme et du multilinguisme.

« Le mot défi résonne d’une connotation positive, il requiert du courage et une conscience de la situation telle qu’elle est », partage Mme Le Pichon-Vorstman. Leur livre s’adresse aux personnes qui se posent des questions sur le multilinguisme, transmettre plusieurs langues à ses enfants ou choisir un milieu scolaire pour ces derniers. « Nous apportons des pistes pour découvrir de bonnes solutions personnelles qui fonctionnent pour l’individu ou la famille », précise-t-elle.

La recherche des deux autrices s’étale à travers de nombreux pays d’Europe, au Canada, aux États-Unis et auprès de certains groupes autochtones en Amérique du Sud. « Nous avons un devoir d’aider à faire vivre le patrimoine et la culture de la diversité linguistique », propose Mme Le Pichon-Vorstman.

Selon elles, les problématiques opèrent dans la sphère de la justice sociale. « La langue est parfois vue comme un déficit au lieu d’une ressource. On observe souvent cette distinction entre les enfants immigrants à l’école et les enfants d’expatriés qui sont louangés, eux, pour leur langue », confirme Mme Le Pichon-Vorstman.

La reconnaissance du patrimoine langagier et culturel est importante au bien-être et au développement de l’humain, mais elle peut aussi être utile à l’apprentissage.

« Le dialecte que parle un élève à la maison et qu’il ne partage pas, car il est gêné, peut avoir plusieurs sons qui se rapprochent encore plus du français que l’autre langue qu’il parle », déclare Mme Auger. La reconnaissance du dialecte de l’élève peut venir le soutenir de plusieurs façons.

Une autre méthode pour inclure les langues à l’école est de demander aux élèves de lire une description dans leur langue. « En géographie, on demande qu’ils lisent la description de la montagne dans leur langue; on demande ensuite d’analyser les différences et les similarités entre cette langue et le français », explique Mme Auger. De cette façon, la langue est valorisée, les élèves sont individuellement valorisés et toute la classe en profite finalement.

Les coauteures partagent le témoignage d’une professeure qui avait utilisé différentes langues pour soutenir son enseignement. « Pour la soustraction en français, on demande combien il en reste. En anglais, on demande, how many are left. Il peut avoir de la confusion entre les mots partir et rester! L’utilisation des deux langues a aidé ce groupe d’élèves à la compréhension du contenu.

« Les sociétés sont gagnantes lorsqu’elles accueillent les personnes avec tout leur bagage linguistique et célèbrent cette diversité », conclut Mme Le Pichon-Vorstman.

PHOTO – Peter Kupidura, spécialiste des services en français au sein du réseau de la Bibliothèque publique de Toronto, en compagnie de Nathalie Auger et Emmanuelle Le Pichon-Vorstman