La crise linguistique fait la une des médias franco-ontariens depuis plusieurs mois. « On s’est dit que c’était le bon moment de s’arrêter, de prendre une pause, de réfléchir pour déterminer là où on s’en va », a indiqué Mathieu Nadon, journaliste à Radio-Canada. Et quoi de mieux que d’organiser un débat accessible au plus grand nombre, en direct pour la première demie heure à la télévision, en direct à la radio et sur Facebook live .

Pendant ces 90 minutes animées par Gabrielle Sabourin et Mathieu Nadon, les six panélistes se sont concentrés sur une question : l’avenir de la francophonie en Ontario et plus généralement celui des communautés de langue française au pays. Le débat était axé autour de trois grands thèmes : la politique, l’éducation et la culture. Et, en toute franchise, le futur ne s’annonce pas tout rose. La démographie des communautés francophones hors Québec est en baisse, selon Tasha Kheiriddin, analyste et commentatrice politique.

Une problématique dont parlait également François Boileau, commissaire aux services en français de l’Ontario, dans son rapport en fin d’année 2018. La proportion de francophones en 2028 passera à 3,9 % ou 4 % alors qu’en 2016, elle était à 4,7 % en Ontario par exemple.

Fayza Abdallaoui, présidente du MOFIF, pense qu’il faut faire plus pour que les immigrants francophones s’épanouissent économiquement et restent au Canada. Certains d’entre eux doivent recommencer à zéro en arrivant ici, certains diplômes étrangers n’y étant pas reconnus. C’est le cas notamment des enseignants « qui arrivent formés avec de l’expérience », indique Mme Abdallaoui.

« Nous avons entendu parler de pénuries d’enseignants alors qu’il y a des gens qui pourraient enseigner et qui n’ont pas la possibilité de le faire », a ajouté à la fin du débat Melchior Mbonimpa, auteur, professeur et philosophe à l’université Laurentienne.

La culture, un élément essentiel

Un autre moment fort fut la discussion sur la culture. Pour que la communauté s’épanouisse, la culture est un élément essentiel et d’après François Boileau, « si on n’investit pas dans les arts, on va devenir des automates ».

Le financement public, c’est bien, mais il est vrai que la culture franco-ontarienne est très subventionnée « et ne pourrait pas survivre sans cela », note Melchior Mbonimpa.

« Ayant vécu au Québec, je peux vous dire que les  francophones donnent moins généralement à ce type d’institutions », glisse Tasha Kheiriddin, qui voudrait que plus de fonds privés soient investis pour financer les arts. C’est un défi pour la communauté francophone. »

Serge Brisson, porte-parole pour le groupe Canadians for Language Fairness, s’oppose à toute aide gouvernementale. Pour lui, l’argent devrait être reversé aux contribuables directement.

Et si les panélistes avaient un souhait pour l’Ontario français de 2030, quel serait-il?

Stéphanie Chouinard, professeure adjointe au Collège militaire royal de Kingston et chercheuse à l’Université d’Ottawa, espère que les francophones soient « plus nombreux, plus divers et qu’on va conserver les institutions ». Pour sa part, Melchior Mbonimpa souhaite lui que l’Ontario français soit plus inclusif ».