C’est une candidate libérale résolue, un néo-démocrate combatif et un conservateur sur l’offensive que les téléspectateurs et auditeurs franco-ontariens ont pu découvrir au cours du récent Débat Ontario 2014, un affrontement électoral organisé conjointement par Radio-Canada et TFO Media. Pour cette deuxième édition du débat électoral francophone, la première avait eu lieu lors de la précédente campagne en 2011, les trois principaux partis politiques provinciaux avaient désigné Gilles Bisson, candidat du Nouveau Parti démocratique de l’Ontario pour la circonscription de Timmins–Baie James, Madeleine Meilleur, candidate du Parti libéral de l’Ontario pour Ottawa–Vanier, et Martin Forget, candidat du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario pour Ottawa-Vanier. Il revint à Gisèle Quenneville de TFO et Catherine Lafrance de Radio-Canada de proposer aux trois combattants quatre grands thèmes de discussion : l’économie, l’éducation, la santé et la gouvernance.
Dès les premiers échanges, Gilles Bisson et Martin Forget tentèrent de déstabiliser Madeleine Meilleur en lançant une offensive à l’encontre du gouvernement libéral à propos des scandales qui ont récemment défrayé la chronique. Selon eux, l’annulation des centrales électriques au gaz et la perte d’argent qui en a découlé montrent bien que le gouvernement libéral est corrompu. La ministre dût esquiver une parade en expliquant que la Première ministre, Kathleen Wynne, s’est non seulement excusée auprès des Ontariens, mais qu’elle a aussi proposé des mesures pour que ce genre d’erreur ne se reproduise pas. En matière d’économie, le Parti libéral propose un fonds d’investissement afin de créer des emplois, notamment pour les jeunes Ontariens. Quant à Gilles Bisson, il estime qu’après 11 ans au pouvoir, les libéraux n’ont pas réussi à améliorer les conditions de vie des Ontariens et démontrent un manque manifeste de transparence dans leurs dépenses. Il juge aussi que le plan économique proposé par les conservateurs, stratégie qui vise à supprimer 100 000 postes pour réduire la taille de la fonction publique, n’est absolument pas raisonnable. Martin Forget réplique en déclarant que ses deux adversaires proposent encore plus de dépenses et délaissent le problème de la dette. Selon lui, il faut absolument remettre de l’argent dans les coffres afin de relancer l’économie et d’être en mesure d’offrir des services. L’éducation et la santé amenèrent une accalmie relative. Les trois candidats sont d’accord sur le fait que les Ontariens du sud ont besoin d’avoir un bien meilleur accès à l’éducation postsecondaire.
Madeleine Meilleur explique que son gouvernement examine attentivement les recommandations qui ont été faites à ce sujet et qu’il est effectivement souhaitable qu’on offre une plus grande gamme de cours universitaires et collégiaux en français. Gilles Bisson affirme que vivre et étudier en français sont des facteurs essentiels pour assurer le bien-être des francophones et qu’il importe de trouver rapidement les fonds nécessaires. Martin Forget revint à la charge en rappelant que rien ne pourra être fait si la province n’a pas suffisamment d’argent en caisse.
En matière de santé, Madeleine Meilleur a souligné que son gouvernement a préservé l’existence de l’Hôpital Montfort à Ottawa et qu’il a mis en place des réseaux de consultation à travers la province. Gilles Bisson et Martin Forget répliquèrent alors que cette dernière mesure démontre la lenteur bureaucratique des libéraux à mettre des services en place. Gilles Bisson réserva ses meilleurs coups pour critiquer les coupures que les conservateurs souhaitent effectuer s’ils sont élus. Il se demande comment Martin Forget s’y prendra pour supprimer les quelque 934 postes dans sa propre circonscription.
Toujours selon Gilles Bisson, la clé de cette élection est la multitude de scandales qu’ont connus les libéraux au cours de leurs trois mandats. Martin Forget se demande même pourquoi les leaders libéraux ne se retrouvent pas aujourd’hui devant les tribunaux. Madeleine Meilleur rétorqua qu’un projet de loi va être déposé afin d’assurer à l’avenir une meilleure transparence sur les agissements du gouvernement.
En clôture du débat, deux Ontariens eurent l’occasion de poser une question aux trois candidats. Un électeur de Sudbury demanda comment chacun propose d’améliorer l’intégration des immigrants francophones dans le marché du travail. Les trois candidats reconnaissent que les diplômes acquis à l’étranger devraient être mieux reconnus. Une jeune maman ontarienne s’inquiétait d’autre part du manque de place dans les garderies francophones. Gilles Bisson est inquiet de voir que 18 garderies vont fermer. Madeleine Meilleur pense qu’une stratégie nationale est nécessaire dans ce domaine. Elle propose l’ouverture de plus de garderies dans les écoles élémentaires et la modernisation des centres existants. Martin Forget pense qu’une nouvelle stratégie serait une fois de plus une pure perte d’argent et qu’on devrait favoriser l’établissement de garderies privées.
Il est à espérer que ce débat passionné aura incité les Franco-Ontariens à se rendre aux urnes le 12 juin prochain.
Photo : Madeleine Meilleur, Gilles Bisson et Martin Forget