Dyanath Lawani et Pascale Andriamamonjy, deux psychothérapeutes au Centre francophone du Grand Toronto (CFGT), ont expliqué ce qu’est vieillir en bonne santé mentale. Lors du webinaire présenté le mercredi 19 mai, elles ont normalisé le vieillissement et offert quelques astuces au bon déroulement de ce parcours qui touchera la plupart d’entre nous.

Mme Lawani a travaillé plusieurs années dans des résidences de soins de longue durée. Elle a vécu aux côtés de personnes âgées pour une bonne partie de leurs soins quotidiens (physiques, émotionnels et mentaux) et se réjouit d’en recevoir autant qu’elle en donne à les côtoyer.

Mme Andriamamonjy est fascinée par cet âge qui, souvent, amène beaucoup de partage, de sagesse de renouveau et en même temps clôture toute une vie. Les personnes âgées sont la fenêtre directe sur le passé. « Elles nous permettent de revivre et tenter de comprendre des époques passées », affirme-t-elle.

Donc, bien vieillir, selon elles, est un truc de société. Le fait qu’il y ait un changement est normal et il faut s’assurer de maintenir un sentiment d’identité personnelle.

« Son rapport au monde change, tout comme il l’a fait auparavant aux autres étapes de vie alors, dans un sens, il y a un sentiment de continuité dans ce changement », explique Pascale Andriamamonjy.

Pour sa part, Dyanath Lawani maintient qu’une continuité de développement se fait à tout âge. « Il est possible de continuer à développer certaines facettes de notre identité, notre résilience et notre ouverture au monde en tant que personne âgée », assure-t-elle.

Elles ont aussi expliqué qu’une emphase particulière sur la santé mentale est idéale lors du vieillissement, car les aînés ont plus de pouvoir sur leur santé mentale. Tandis que plusieurs peuvent se sentir impuissants et frustrés de leur santé physique, la santé mentale est atteignable.

Des études démontrent bien que l’âge n’est pas un facteur dans la hausse de troubles mentaux, que les pourcentages des jeunes et des personnes âgées en santé qui souffrent de problèmes psychologiques sont similaires. Par contre, la santé mentale est affectée lorsque la personne combat des maladies physiques. 

Ce pouvoir sur le côté mental du vieillissement peut aussi représenter un regain d’autonomie, un aspect très important au sein de la population vieillissante. Durant le webinaire, plusieurs participants ont affirmé que, pour eux, la perte d’autonomie représente le moment où l’on devient vieux et, en deuxième place, les changements physiques représentent aussi concrètement la vieillesse. Un phénomène idéologique malheureux de la société trop anti-âge dans laquelle les Canadiens évoluent.

Tout comme les gens qui ne sont pas des athlètes ne peuvent pas gagner aux Olympiques, les personnes âgées ont aussi leurs limites. « Il faut normaliser que ces dernières ont parfois des restrictions sur ce qu’elles sont capables de faire », précise Mme Lawani. « Cela n’enlève aucune légitimité à leur existence », ajoute sa collègue. La société canadienne capitaliste fait en sorte que les citoyens doivent produire et produire continuellement, mais les deux psychothérapeutes rassurent qu’il est parfaitement normal de se retrouver moins dans le « faire » et plus dans l’ « être ». « Pas de panique! Nous avons très bien négocié les changements précédents de notre vie, ce sera de même avec celui-ci », soutiennent-elles. Dernière astuce, bien vieillir ça se prépare dès maintenant afin de s’assurer un peu plus de paix d’esprit!

SOURCE – Élodie Dorsel