Il y a plus d’un siècle de cela, la Première Guerre mondiale débutait et causa la mort de neuf millions de personnes en quatre ans. Un traumatisme encore bien présent dans les esprits européens qui pousse certains d’entre eux à prendre la plume, comme l’historienne française Annette Becker.
Se faisant une spécialité de l’extrême violence et de la vie culturelle en temps de guerre, cette enseignante à l’Université Paris Ouest-Nanterre La Défense a donné une conférence intéressante à l’Alliance française le mercredi 1er avril. Intitulée Écrivains et artistes en Grande Guerre, elle s’est attelée à montrer les représentations graphiques ainsi que les textes réalisés par plusieurs autorités artistiques de l’époque et de nationalités diverses.
Au fur et à mesure de son discours, elle suit l’évolution du conflit et marque leur compréhension par plusieurs penseurs, leur perception des avancées, leur vision de l’horreur. Que ce soit le Britannique Eric Kennington avec sa fameuse illustration The Kensingtons at Laventie datant de 1915, ou encore le Français Guillaume Apollinaire avec son dessin Le Caporal de légion représentant en 1916 l’écrivain Blaise Cendrars avec une main amputée. Certains observateurs pensent que la « Guerre des fronts », comme la majorité des historiens actuels s’accorde à la qualifier, ne durera qu’un an. Grave erreur.
Mme Becker met également en lumière d’autres hostilités ayant eu lieu à cette même période, comme le génocide arménien (son 100e anniversaire a lieu cette année, dont les représentations terrifiantes n’ont rien à envier aux scènes européennes. Le sujet du traumatisme, son analyse et son évolution, est également au centre de sa démonstration puisque chacun a sa vision des évènements et se focalise sur des points particuliers, que ce soient des citoyens fuyant les bombardements ou une femme rendue folle par la mort de son enfant.
La trentaine de personnes présentes ne disaient mot, semblant absorbées par les représentations s’affichant sur l’écran du théâtre de l’Alliance française. L’heure n’était certes pas à la fête mais il est important de garder en tête des conflits de cette importance pour éviter, autant que faire se peut, les possibles conflits et l’horreur qui vient avec. Le seul mérite de pareilles périodes serait sans doute d’inspirer les esprits créatifs, même si cela reste cher payé pour quelques toiles.
L’ouvrage d’Annette Becker sur la question lui a valu le prix de la biographie de l’Académie française en 2010.