C’est un historitour un peu spécial qu’avaient préparé Rolande Smith et Xavier Lambert de la Société d’histoire de Toronto le 26 octobre dernier. Cette ballade a permis aux participants de chercher et de découvrir les indices révélant l’existence et le passage de la rivière Garrison.
« On ne peut pas voir la rivière, mais on peut l’entendre », révèle Rolande Smith en démarrant ainsi cette enquête lucrative sur les traces d’une rivière enfouie. Cette rivière d’eau fraîche qui regorgeait de poissons fait 7,7 km de long et prend sa source au nord de la rue St. Clair et se jette dans le lac Ontario, là où se situait le Fort York (d’où le nom de la rivière de la garnison).
La visite démarre aux collines de Christie Pits, parc anciennement connu sous le nom de parc Willowdale pour ses saules pleureurs est réputé comme étant un centre de loisir. Xavier Lambert explique que tous les 100 ans, des ouragans viennent creuser des ravins, donnant cette forme vallonnée au parc. En y prêtant attention, l’on devine facilement les berges de la rivière Garrison entre les collines.
Le groupe se dirige ensuite vers le Centre et le parc Bickford, où les participants remarquent qu’aucune construction n’a été faite à l’endroit où passe la rivière. Un bref arrêt à l’endroit où se situait le pont Bickford qui enjambait la rivière, et dont il reste tout de même un parapet.
En se déplaçant vers le parc Art Eggleton, les guides expliquent que la rivière a été enterrée pour des raisons sanitaires. En effet, la rivière devient un « égout à ciel ouvert » vers la fin du XIXe et le début du XXe siècles et les égouts sanitaires de la ville ne sont pas séparés des évacuations d’eau de pluie. Afin de ne pas assécher la rivière et d’éviter tout contact avec l’eau contaminée, on isole l’eau en construisant un tunnel en brique dans les années 1920.
Tout au long du parcours, se trouvent des canoës bleus remplis de fleurs et d’herbes de la région. Ces canoës font partie d’un programme appelé Homegrown National Park, qui permet de sensibiliser des quartiers à ce sujet et d’engager des voisinages à faire revenir cette végétation naturelle.
C’est alors que la trajectoire du fleuve devient moins rectiligne et plus aléatoire : les participants zigzaguent au-dessus de la rivière en traversant les parcs Fred Hamilton et Roxton. Encore une fois, aucune construction n’a été faite là où la rivière est enterrée.
Du quartier de la Petite Italie jusqu’au parc de Trinity Bellwoods, des signes au sol marquent le cours de la rivière sous nos pieds. En traversant les quartiers portugais et italien, Xavier Lambert et Rolande Smith expliquent les vagues de migration qui ont conduit à créer ces quartiers et leurs évolutions.
Le park de Trinity Bellwoods regorge d’indices. Le premier se situe au niveau du ravin, pas totalement comblé, où des glissades ont lieu pendant l’hiver : le pont Crawford y est enterré. Quelques pas plus loin, la résidence St. Hildas (aujourd’hui un centre pour les personnes souffrant de maladies mentales) où se trouvait avant l’université anglicane du Trinity College. La rivière Garrison traversait en diagonale le parc, de l’intersection des rues Dundas et Shaw, à celle de la rue Queen et de l’avenue Gore Vale.
La visite s’achève sur le son tant attendu de la rivière provenant d’une plaque d’égout cachée derrière les terrains de tennis du parc. C’est l’occasion pour un membre de Lost Rivers de faire connaître son association en expliquant que celle-ci permet de sensibiliser la population et les jeunes générations à ces rivières disparues, grâce à des marches et visites organisées sur leurs traces.
Le prochain rendez-vous de la Société d’histoire aura lieu le 5 novembre à l’Alliance française et sera consacré à une séance sur La BIOREMÉDIATION : solution adéquate pour décontaminer les écosystèmes.
Photo : Une vingtaine de personnes ont participé à la visite.