La Croisée des mots virtuelle est une initiative de l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français et des bibliothèques publiques d’Ottawa, du Grand Sudbury, de Hearst et de Toronto. En novembre, elles accueillent la romancière torontoise, Tassia Trifiatis-Tezgel en discussion avec Ariane Brun del Re.

Née à Montréal d’une mère québécoise et d’un père grec, Tassia Trifiatis-Tezgel a une maîtrise en littérature comparée. Après plusieurs années à Istanbul, elle s’installe en Ontario.

Son premier roman publié chez Leméac, Judas, paraît en 2007, suivi de Mère-Grand en 2010, pour lequel elle est finaliste au Prix du Gouverneur général. Elle publie également aux Éditions du passage en 2018 un récit de voyage illustré par Caroline Lavergne, Les platanes d’Istanbul qui obtient le prix de la Société Alcuin. Son dernier roman, Créatures primordiales, paraît le 17 mars dernier.

« Créatures primordiales est une fable sur les arrivées et les départs de la vie, explique-t-elle. Je me suis aussi posé des questions sur comment on fait pour savoir que le temps est venu de mettre fin à une certaine étape, et même quelles sont ces étapes. »

Une de ces étapes est la naissance à la fois d’un fils et d’une mère. « Parfois, ça prend du temps avant que les deux se rejoignent. La naissance d’une mère n’est pas nécessairement automatique à la naissance de l’enfant », affirme l’auteure torontoise.

Elle utilise aussi l’exemple de la relation entre le corps et l’esprit : « C’est la même chose pour les endroits physiques; l’esprit ne suit pas toujours le déplacement du corps ».

Lorsque Tassia Trifiatis-Tezgel se retrouve à Istanbul, elle se met à l’écriture de deux ouvrages simultanément. « Les platanes d’Istanbul, un récit de survie, d’amitié et de ma première année de mariage tandis que Créatures primordiales est plutôt un Istanbul vu d’un angle fantastique. »

Les deux livres ont une protagoniste qui termine son parcours à Toronto. « C’est clair que personnellement j’avais besoin des deux ouvrages, mais, au fil du temps, mon bagage ne fait que s’enrichir de toute ses places », partage-t-elle.

Même avec son roman Mère-Grand, l’auteure explore la compréhension de sa propre vie. « Écrire vient éclaircir les parties que j’ai ensevelies. Ça jette une lumière de compréhension sur les choses que j’avais peut-être oubliées », explique-t-elle, émue.

Elle a documenté son parcours d’accompagnement de sa grand-mère en fin de vie, de son amour imparfait et humain pour elle. « L’amour humain est plein de haine et d’imperfections. Il est humain. J’ai tellement tenu la présence de ma grand-mère pour acquise », dévoile-t-elle.

L’auteure s’aventure déjà vers un cinquième roman, cette fois-ci avec le regard d’un enfant. « Avoir un enfant, c’est voir à nouveau le monde pour la première fois et je m’inspire de cette candeur face à la dureté du monde qui nous entoure », conclut Tassia Trifiatis-Tezgel.

SOURCE – Élodie Dorsel

PHOTO – Tassia Trifiatis-Tezgel (à droite) en discussion avec Ariane Brun del Re