Le célèbre auteur et metteur en scène Québécois Robert Lepage présentera sa nouvelle pièce à Toronto à l’occasion de PANAMANIA, une série d’expositions et de spectacles nationaux et internationaux en marge des jeux Panaméricains.

Intitulé 887, numéro qui symbolise le lieu de son enfance, M. Lepage déroule des thèmes qui lui tiennent à cœur : « C’est inspiré des années 1960, ce qui correspond au début de la Révolution tranquille au Québec, explique-t-il. J’ai assisté à tout ça! C’est un point de vue qui n’est pas mature mais néanmoins intéressant ». 

Le moment sur lequel il se focalise le plus est l’apparition de cette mouvance : « Peu se souviennent d’où le mouvement a émergé, ajoute-t-il. J’ai été témoin de quelque chose et c’est important de se rappeler d’où l’on vient ». 

Ce vécu lui permet de travailler sur les rapports qu’entretient la mémoire lointaine avec la mémoire récente, la façon dont tout cela persiste. « Je suis intéressé au phénomène de la mémoire, à la façon dont ça a mené au thème du nationalisme », explique-t-il, avant de rappeler que personne au Québec ne sait pourquoi il est inscrit Je me souviens sur les plaques d’immatriculation des véhicules.

Il décrit sa dernière œuvre comme de l’autofiction, il utilise son propre nom mais adapte l’histoire aux besoins du spectacle : « Je voulais faire l’expérience du souvenir honnête, voir de quoi je me souviens vraiment même si mes souvenirs ont été pollués par d’autres. J’ai délibérément enlevé plusieurs couches ». 

Étant le seul sur scène à interpréter sa pièce, il s’explique sur cette « solitude » désirée pour 887 :« Je suis sur beaucoup de spectacles et j’adore la création collective. Je me permets de faire tous les 8 ou 10 ans un spectacle solo. Ça me permet de ne pas avoir à tenir compte de la sensibilité des autres. »

La principale surprise qu’il réserve à son public est l’hommage particulier à son père, qui occupe une position centrale dans la pièce. « Il ne parlait pas beaucoup, il était humble, très effacé, détaille-t-il. Les gens sont souvent étonnés de découvrir le personnage de mon père. »

Confiant dans le succès de sa future pièce qui sera présentée en français et en anglais, il estime que participer à un évènement comme PANAMANIA est une chance : « Ce n’est pas un public comme les autres. C’est une chance de jouer devant un public bigarré. C’est en quelque sorte la communion des arts et des sports. Le théâtre a sa place dans un évènement sportif international ».

Ayant tout juste terminé les représentations torontoises de son spectacle Les Aiguilles et l’opium, le créateur ne compte pas pour autant se reposer sur ses lauriers. L’avenir s’annonce effectivement chargé pour Robert Lepage qui travaille à l’heure actuelle sur plusieurs projets. Le plus important semble être en partenariat avec la grande bibliothèque de Montréal à l’occasion de son 10e anniversaire. La technologie de réalité virtuelle sera pleinement de la partie, par le biais du casque Oculus Rift qui sera utilisé pendant la célébration. Différentes versions de 887 sont également en cours de développement.

La pièce 887 de Robert Lepage sera présentée en première mondiale du 14 au 19 juillet au Bluma Appel Theatre de Toronto.

Photo: Robert Lepage – crédit : Éric Labbé