Voilà presque 40 ans que le Canada célèbre, avec une régularité de métronome, l’histoire des Noirs du pays, tout au long du mois de février. Vestige d’un passé tourmenté mais néanmoins glorieux, cette célébration se veut être un rempart contre l’oubli. Combats pour les droits civiques, l’égalité, la culture… autant de causes nobles qui ne doivent pas être ignorées.

C’est en 1926 qu’apparaît aux États-Unis la première version de l’évènement, avant que celui-ci ne devienne officiel dans les années 1960. Il fera son apparition à Toronto en 1979 et se propagera peu à peu dans tout le pays grâce à une motion adoptée à l’unanimité par la Chambre des communes. Au-delà d’un simple hommage à ces hommes et ces femmes de couleur qui ont contribué à l’histoire de la nation, ce sont divers ateliers, concerts et projections cinématographiques qui sont organisés et ouverts au plus grand nombre. Parmi ceux-ci, plusieurs rendez-vous en français.

Le Toronto Black Film Festival en est une partie importante, et offre un grand nombre de productions portant sur des personnalités noires et leurs réalisations. Ce sont ainsi 38 films qui seront proposés au public du 10 au 15 février, regroupant de grandes figures comme Fred Williamson et Bill Cobbs, qui seront présents lors de soirées hommage où ils se verront remettre un prix. 

« Cette troisième édition est très solide, le festival prend du galon, affirme joyeusement la présidente et fondatrice Fabienne Colas. Il est plus grand, il y a plus de films. Je suis très heureuse de venir avec une édition aussi forte. » Des discussions sont également au programme et portent sur différents thèmes, tels que la réalité des acteurs noirs « vétérans », qui ont commencé il y a longtemps et qui sont aujourd’hui en mesure de donner une idée sur l’évolution des mentalités.

Afin d’accueillir un maximum de personnes, les instances dirigeantes ont mis en place certains programmes libres d’accès : « Nous ne voulions pas que le festival Black de Toronto soit un endroit où il n’y ait rien de gratuit », ajoute Mme Colas. Ainsi, des évènements sur deux thèmes particuliers auront lieu dans cet esprit : l’un sur la « diversité à l’écran », et l’autre sur les « cheveux des femmes noires », leur côté identitaire.

Même si aucun film présenté ne disposera de sous-titres en français, deux d’entre eux ont pour langue originale celle de Molière et seront présentés à l’Alliance Française le jeudi 12 février. Il s’agit de Narvalo de Christophe Switzer, et Des Étoiles de Dyana Gaye, deux épopées au cœur de la vie de membres de la communauté noire à travers le monde.

Confiante, Fabienne Colas s’attend à ce que les gens viennent nombreux : « On anticipe un gros succès, et j’incite les francophones à venir voir tout le festival, afin de soutenir les réalisateurs, car il y aura beaucoup de premières mondiales et canadiennes. S’il n’y a pas de festival sans créateurs, il n’y en a pas non plus sans cinéphiles », conclut-elle pleine d’énergie.

En dehors du cinéma, plusieurs expositions retraçant les parcours des différents peuples d’origine africaine à travers les siècles seront présentées. Ainsi, on y trouvera des œuvres photographiques, des illustrations, montrant la contribution des personnes noires sous l’ère victorienne ou leur activisme contre l’esclavage au XIXe siècle. 

Les organismes francophones de la région célèbrent également le Mois de l’histoire des Noirs, tel le Centre francophone de Toronto qui organise une soirée familiale avec repas africain et antillais ainsi qu’un spectacle et de la musique. Rien de mieux qu’une soirée culturelle animée pour refléter tout l’esprit de ce mois si particulier.